La visite de Macron au Maroc aura t-elle lieu ?

Macron et Mohammed VI

La France se retrouve en situation de crise avec deux pays importants en Afrique du Nord. Elle est en brouille avec l'Algérie et le Maroc. Avec l'Algérie, la situation s'est dégradée après une longue période de réchauffement. La visite d'Abdelmadjid Tebboune en France, prévue le mois de mai, est sérieusement compromise. Avec le Maroc, également, la situation n'est pas meilleure. Une visite du président français au Maroc est prévue dans les semaines à venir. Aura-t-elle lieu ? 

Cette visite, avec laquelle le président français compte inaugurer une nouvelle page dans les relations maroco-françaises, après une tension diplomatique entre Paris et Rabat, est sérieusement compromise, selon les observateurs de la scène politique. Selon l’historien spécialiste du Maghreb Pierre Vermeren, il faut attendre longtemps pour espérer un apaisement entre les deux pays. Cet historien est catégorique. Il faut attendre un nouveau président en France ou l’accession au trône marocain du prince héritier Moulay Hassan pour régler les différents conflits qui minent les relations franco-marocaines. « Il n’y a pas eu de crise aussi profonde depuis l’enlèvement de Mehdi Ben Barka en 1965, qui avait provoqué une rupture des relations pendant quatre ans », estime donc cet historien.

Il faut dire qu'après un début de réchauffement des relations entre le Maroc et la France, la résolution du parlement européen a approfondi la crise aiguë entre les deux États. Le vote de cette résolution par les eurodéputés macronistes est perçu par le Maroc comme une trahison, alors que la France a été un défenseur constant du royaume. En réaction, le Maroc a annoncé que la mission de son ambassadeur en France avait pris fin le 19 janvier, jour du vote de la résolution au Parlement, sans nommer de successeur. Un signe que le Maroc ne veut pas d'apaisement, du moins dans cette conjoncture.

Se fâcher avec Alger pour se rapprocher de Rabat

Pour les Marocains une autre condition pour le réchauffement des relations n'est pas encore satisfaite. En effet, « la France se devait de reconnaître la "marocanité" du Sahara occidental, dans le sillage de Donald Trump en décembre 2020 », pour prouver sa sincérité. Une condition sur laquelle a insisté Mohammed VI en août 2022.

Macron n'ira donc surement pas au Maroc en ce début d'année. Les dossiers conflictuels sont nombreux. La révélation, en juillet 2021, de l’espionnage du téléphone d’Emmanuel Macron, avec le logiciel Pegasus, par les renseignements marocains, a été très mal vécue à Paris. La crise des visas à l’automne 2021, quand la France a quasiment tari leur délivrance tant que Rabat ne délivrerait pas les laissez-passer consulaires pour ses ressortissants expulsables, a été reçue comme une claque magistrale pour un Maroc relégué au même rang que les autres États de l'Afrique du Nord.

Le Maroc est très fâché et tient à le faire savoir. Il n'est pas prêt à accepter la perte de son statut d'enfant gâté de la France. La France, de son côté, veut calmer le jeu. L'hexagone est allé même a se désengager de la résolution du parlement européen. Cependant, ce n'est pas insuffisant. Pour se rapprocher de Rabat, Paris doit se fâcher encore plus avec Alger. Un pas difficilement envisageable dans ce contexte de naissance d'une nouvelle crise frano-algérienne.

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