La France, certes terre d'accueil, est souvent qualifiée de pionnière en matière d'immigration. C'est d'ailleurs le pays où le débat autour de la question est le plus houleux. Preuve en est le nombre de lois que la France a votées : une loi tous les deux ans en moyenne depuis 1945. Est-ce un gage d'efficacité ? « Pas du tout », estime une étude conduite par Dominique Reynié, professeur des universités à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique.
L'étude en question, selon Dominique Reynié, propose « un bilan européen, État par État, en comparant les conditions de l'accueil, les exigences en termes d'intégration, d'obtention des visas, d'acquisition de la nationalité, d'accès à la santé, ainsi que les politiques pénales ». La question que le chercheur s'est posée est toute simple : « comment font les autres pays en matière d'immigration ? »
Immigration : la France est frappée de cécité presque volontaire
L'un des constats de l'étude est que le débat public en France est « très mal informé » sur le sujet de l'immigration. Pourtant, il existe une grande diversité de solutions dont ce pays pourrait s'inspirer. Des solutions, suggère le chercheur, qui « procèdent d'une approche dénuée d'idéologie, d'une vision stratégique, d'une constance dans son application et d'un consensus entre partis ». Sauf que « tout cela […] fait cruellement défaut » à la France.
« C'est une cécité presque volontaire parce qu'il n'est pas rare que nos voisins fassent mieux que nous », assure Dominique Reynié dans un entretien accordé au journal Le Figaro. Et d'ajouter : « En matière d'immigration, notre étude le montre, et nous sommes loin derrière ». Le professeur des universités explique également que les gouvernants français sont « mal à l'aise avec un exercice qui donne prise à des critiques ».
Coûts de l'immigration : l'évaluation budgétaire aboutit à un solde négatif
Le chercheur a pointé de doigt le déficit d'informations, notamment à propos du coût de l'immigration. « Peut-on en connaître le nombre (des migrants), en évaluer le coût ? Sait-on le coût des 30'000 titres de séjour pour soins accordés annuellement dans des conditions uniques au monde et avec une prise en charge souvent complète ? » s'est-il interrogé. Aussi, il s'est dit surpris de découvrir qu'il existe des estimations du coût de l'immigration, pays par pays, qui ne sont pas « reprises et commentées ».
« Parfois même, le sens de leur conclusion est altéré, privant le débat public d'une information capitale », s'est encore indigné le chercheur. Exemple : les résultats de l'enquête menée par l'OCDE, qui montre qu'en France, l'évaluation budgétaire de l'immigration aboutit étonnamment à un solde négatif, variant selon les modes de calcul, entre -20 et -33 milliards d'euros par an.