Accord d'association UE-Algérie : Josep Borrell « réticent » à la renégociation

Josep Borrell

Considéré comme déséquilibré et surtout injuste, l’Accord d’association entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) a souvent été fustigé par les autorités algériennes et par les experts en économie. Sa renégociation est revendiquée ces dernières années par les hautes autorités de l'État. Une revendication qui n'a pas eu jusque-là d'écho chez le partenaire européen, même si la position de l'UE a évolué ces derniers temps. 

En visite en Algérie, le 12 et 13 mars, le haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité/vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, s'est exprimé sur la question de l'accord d'association UE-Algérie. Le responsable européen a défendu cet accord dans une interview accordée au journal arabophone El Khabar. Il a affirmé que cet accord est essentiel dans la coopération entre l'Union européenne et l'Algérie. Une coopération que l'Union européenne veut « solide et stratégique » avec un voisin important.

Josep Borrell a également souligné que cet accord est suffisant que ce soit sur le plan juridique ou sur le plan institutionnel pour réaliser les objectifs communs aux deux parties. Il a insisté sur la nécessité de mettre en application ces accords. Un point qui doit être discuté, selon ce responsable européen, et qui devrait également se concentrer sur la façon dont les deux parties peuvent capitaliser le potentiel qu'offrent ces accords d'une façon pragmatique et réaliste dans tous les domaines.

Josep Borrell rappelle qu'en 2015 et 2016 les deux parties ont fait un grand travail dans ce sens et les résolutions auxquelles sont arrivées l'Algérie et l'Union européenne sont valables à nos jours. Par ailleurs, en ce qui concerne le volet commercial de cet accord, le responsable européen souligne que les exportations européennes vers l'Algérie ont reculé de 45 % depuis 2015 et que la balance commerciale est en faveur de l'Algérie. Josep Borrell indique sur ce point que l'Union européenne a garanti à l'Algérie des débouchés pour les hydrocarbures, ce qui explique le déséquilibre de la balance commerciale. Toujours sur le volet commercial, le responsable européen affirme que les deux parties n'ont pas exploité toutes les possibilités qu'offre l'accord d'association.

Ce n'est qu'après toutes ces explications, que Josep Borrell est arrivé à ouvrir les portes à de possibles renégociations de l'accord. Une façon de dire qu'avant toutes renégociations il est nécessaire de mettre en application cet accord dans sa totalité.

Il faut souligner que depuis la mise en œuvre de l'accord en 2005, le cumul des exportations algériennes vers l’UE, hors hydrocarbure, n’a pas atteint 14 milliards de dollars, alors que dans le sens opposé (cumul des importations), le chiffre est de 220 milliards de dollars. Ce qui est jugé désavantageux par l'Algérie. Ainsi, l'Algérie profite du contexte actuel, marqué par la crise énergétique, pour imposer la révision de l'accord. De son côté, l'Europe, qui se retrouve devant un risque de pénurie du gaz, lorgne du côté algérien. L'Union européenne fait ainsi un petit pas vers l'Algérie.

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