La question de la mémoire demeure parmi celles qui empoisonnent les relations algéro-françaises. Les visions sont différentes et s'opposent sur plusieurs points. Les historiens des deux pays divergent sur le fond et la forme. Pour rapprocher les points de vues, les deux pays ont décidé de mettre en place une commission mixte. Cette décision a été annoncée au lendemain de la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie, en août 2022.
Après la désignation des représentants des deux pays, cette commission a tenu sa première réunion le mercredi 19 avril, a annoncé l'Élysée dans un communiqué. « À l’occasion de la visite du Président de la République en Algérie en août 2022, il a été décidé par les deux chefs d’État de la constitution d’une commission mixte d’historiens français et algériens pour travailler sur l’histoire de l’Algérie contemporaine, pour mieux se comprendre et réconcilier les mémoires blessées. Cette commission est composée de dix membres, cinq du côté algérien et cinq du côté français », rappelle le communiqué.
L'Élysée, qui revient sur cette réunion, rappelle la composante française de la commission : « les cinq historiens français sont les suivants : Benjamin Stora, Professeur des universités, co-président de la commission, Florence Hudowicz, conservatrice du patrimoine, Jacques Frémeaux, Professeur des universités, Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, historiens et enseignants universitaires ».
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Commission mixte d'historiens : Première réunion, premiers accros
Du côté algérien, le chef de l'État Abdelmadjid Tebboune avait désigné, en novembre 2022, Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, Mohamed Lahcen Zighidi et Djamel Yahiaoui pour faire partie de cette commission. Le communiqué indique que « cette commission indépendante travaillera d’abord sur les origines de la colonisation française en Algérie, au XIXe siècle, en dressant un inventaire des archives déposées en France et en Algérie, et qui traitent particulièrement de la conquête coloniale. D’autres sujets seront ensuite abordés à sa diligence, concernant la période du XXe siècle, en particulier la séquence de la guerre et de la décolonisation ». L'Élysée souligne également que « la commission pourra solliciter les avis et les observations d’autres historiens dont les travaux et expertises sont reconnus en la matière ».
Cependant, dans le communiqué de la présidence française rien n'a filtré sur l'ordre du jour et les décisions de cette commission. Rien n'a également filtré sur la présence des représentants de l'Algérie à cette réunion. Certains médias affirment toutefois que pendant cette réunion, le côté français a insisté sur la nécessité de se concentrer sur la période de la guerre d'Algérie. Une période qui s'étend de 1954 à 1962. Tandis que du côté algérien, les historiens ont affiché leur volonté de soulever les questions de la colonisation depuis la conquête de l'Algérie par la France en 1830. Pour les représentants de l'Algérie, les crimes commis par le colonisateur pendant cette période doivent faire partie des discussions alors que les Français, sous prétexte d'absence de données, veulent éviter d'évoquer ces « crimes contre l'humanité ».
Il faut rappeler que l'annonce des représentants français dans cette commission a soulevé des interrogations en Algérie. En effet, la majorité des membres de la commission sont des pieds noirs, dont certains sont nostalgiques de l'Algérie française. Ce travail est donc a priori handicapé par une vision que l'Algérie rejette.