Les conditions de vie des sans-papiers au niveau des CRA (centres de rétention administrative) en France ont souvent fait l’objet de dénonciation de la part des associations de défense des migrants et des droits humains. Les conditions de rétention de ces migrants se sont même dégradées durant les derniers mois, selon un rapport publié le 26 avril par 5 associations françaises.
Comme chaque année depuis 2011, cinq associations de défense des migrants (Groupe SOS Solidarités, Forum réfugiés, France terre d'asile, La Cimade et Solidarité Mayotte) ont publié, mercredi 26 avril, un rapport sur les conditions dans lesquelles les sans-papiers sont retenus dans les centres de rétention administrative (CRA). Les motifs d’enfermement en centre de rétention administrative (CRA) sont de plus en plus « abusifs », disent-elles. Notamment à cause des nouvelles directives du ministère de l’Intérieur concernant la gestion du dossier de l’immigration clandestine.
Dans leur rapport, les 5 associations ont tenu à dénoncer la politique migratoire française, jugée trop répressive et peu attentive à la situation concrète des sans-papiers et de leurs familles. « Ce treizième rapport confirme un recours banalisé à la rétention, de manière trop souvent abusive et parfois dans des conditions indignes. Le manque structurel d'effectifs policiers, qui impacte l'organisation des CRA, génère ou aggrave des situations de violences et de violations des droits des personnes enfermées », indiquent les rédacteurs du rapport.
L'enfermement des sans-papiers en France est « inutile »
Le rapport qualifie de « dérives » les dernières consignes du ministre de l’Intérieur concernant la gestion du dossier des sans-papiers en France. Les consignes de Gérald Darmanin prévoient l’enfermement de toute personne dont le comportement constituerait un « trouble à l’ordre public ». Résultat : des regards « suspicieux et des crachats dans la rue deviennent des motifs acceptables d’enfermement des étrangers dans les CRA », souligne le rapport. « Pour à peu près tout et n'importe quoi, on va désormais justifier un placement en rétention pour une prétendue menace à l'ordre public », selon le rapport.
Ainsi durant l’année 2022, le nombre d’étrangers en rétention a augmenté de 8,3 % par rapport à 2021. En 2022, 43 565 sans-papiers ont été placés en rétention dans l’attente de leur expulsion. Un chiffre toujours inférieur à ceux enregistrés avant la pandémie en 2019 (53 273). Les associations de défense des migrants expliquent que ces rétentions systématiques sont « inutiles ». En 2022, « la moitié de celles et ceux qui avaient été enfermés ont fini par être libérés, souvent pour irrégularité de procédure », note le rapport.
Les auteurs du rapport dénoncent également les conditions de rétention des sans-papiers, notamment leurs enfants au niveau de 25 CRA de France. La moitié de ces enfants a moins de 12 ans et leur nombre a augmenté entre 2021 et 2022, passant de 76 à 94 au niveau des CRA de France, selon les chiffres du rapport. « L'enfermement a des conséquences dramatiques sur la santé mentale des enfants : le repli sur soi, les insomnies, le refus de s'alimenter et le stress post-traumatique », souligne la même source.