En à peine 15 mois, le Sénégal rafle 5 titres de champions d'Afrique dans différentes compétitions de football organisées par la CAF. Cette razzia du Sénégal sur le football continental qu'aucune autre nation africaine n'a réussie auparavant a suscité de nombreuses interrogations chez les amoureux de la balle ronde en Afrique. Ils sont nombreux à se poser en effet la question sur le secret de la réussite du football sénégalais.
Les équipes nationales de football du Sénégal ont remporté 5 trophées continentaux en l'espace de 15 mois : Coupe d'Afrique des nations (CAN 2022) en février 2022 au Cameroun, CAN beach soccer en octobre 2022 au Mozambique, Championnat d'Afrique des nations (CHAN 2023) en février 2023 en Algérie, CAN des moins de 20 ans en mars 2023 en Égypte et CAN des moins de 17 ans en mai 2023 en Algérie. Un parcours inédit qu'aucune autre nation africaine n'a réussi à inscrire à son palmarès en l'espace d'une telle période.
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Pour la majorité des observateurs et spécialistes du football, la consécration des équipes nationales du Sénégal n'est pas le fruit du hasard. On n'enchaîne pas des titres africains dans toutes les compétions organisées par la CAF sur un simple effet de chance, affirment les connaisseurs du football sénégalais. Si le Sénégal qui n'avait jamais gagné auparavant le moindre trophée continental avant février 2022 a réussi à rafler tous les titres, c'est parce qu'il y a un secret derrière cette réussite.
L'organisation du football sénégalais, un exemple à suivre
Dans une interview donnée le 29 mars 2023 à la revue The Conversation, au lendemain du sacre de la sélection du Sénégal à la CAN U20 en Égypte, Souleymane Diallo, enseignant-chercheur et responsable des cours de football à l'Institut national supérieur de l'éducation populaire et du sport (INSEPS) à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, est revenu sur le secret ayant permis aux équipes nationales de son pays de dominer le football africain, ces derniers mois.
D'emblée, Souleymane Diallo explique que la base de cette réussite réside dans l'organisation du football sénégalais, par le biais de la Fédération sénégalaise de football (FSF) à sa tête Augustin Senghor. Depuis l'arrivée de ce dernier à la tête de la FSF, le football sénégalais est devenu mieux organisé et structuré, explique-t-il. « D'abord au niveau de l'organisation, on a vu que la FSF a une maîtrise des compétitions africaines. Auparavant, le Sénégal partait aux compétitions africaines pour une découverte ou bien il restait longtemps sans y aller », souligne le chercheur.
« Depuis qu'on a réglé le problème de la participation, on a pu maîtriser les facteurs qui tournent autour de la compétition. Cela a facilité une maîtrise de la logistique. Pour gagner en Afrique, celle-ci est nécessaire », affirme Souleymane Diallo. Cela s'ajoute à l'aide importante de l'État du Sénégal qui affrète un vol spécial pour assurer le déplacement des joueurs. « En Afrique, les déplacements sont très difficiles », explique-t-il.
La réussite du football sénégalais ces derniers mois sur le plan africain s'explique aussi par « la politique mise en place par la FSF qui demande aux différents staffs techniques d'avoir une complémentarité, de s'imbriquer. Des joueurs qui étaient chez les moins de 20 ans se retrouvent ainsi chez les moins de 23 ans. Chez les moins de 17 ans aussi, on trouve des moins de 15 ans », souligne-t-il. « À travers l'organisation mise en place, sur la forme d'un athlète qui va être dans la continuité, dans la recherche de la performance par le biais de cette politique visant à mettre les staffs ensemble », ajoute le spécialiste du foot sénégalais.
L'apport important des académies pour le football sénégalais
En plus des infrastructures mises à la disposition des footballeurs sénégalais, notamment les terrains de proximité, Souleymane Diallo a également mis en exergue l'apport des académies. Par exemple, « Génération Foot » compte 7 pensionnaires dans l'équipe des moins de 20 ans et 4 dans l'équipe nationale locale qui a remporté le CHAN 2023. La sélection U17 (sacrée la semaine dernière à Alger contre le Maroc en finale de la CAN U17, NDLR) a plus de 5 joueurs en provenance de cette académie », souligne-t-il. « Ces académies jouent un rôle important dans le développement du football sénégalais. Elles sont dotées de bonnes infrastructures », affirme Souleymane Diallo.
Le modèle sénégalais de formation qui est cité aujourd'hui comme exemple dans toute l'Afrique est « bâti sur la durée », souligne le chercheur. « Pour qu'on soit un modèle, il y a plusieurs paramètres dont il faut tenir compte. L'élément qui peut sembler déterminer le modèle sénégalais est la stabilité financière, la stabilité au niveau des dirigeants, des entraîneurs et des joueurs », affirme-t-il. « La plupart des joueurs sont les mêmes joueurs qui ont fait les petites catégories jusqu'à la première équipe. C'est le cas de Crépin Diatta et de Sadio Mane. On note une stabilité à tous les niveaux (dirigeants, entraîneurs, joueurs). Le modèle est basé sur la stabilité et la confiance », conclut l'enseignant-chercheur sénégalais.
