La Banque mondiale pessimiste dans ses prévisions sur l'Algérie

Photo d'un bâtiment de la Banque mondiale

La succession de crises récentes a gravement affecté l'économie mondiale, avec un impact particulièrement prononcé sur les grandes puissances. Cela entraîne à son tour des répercussions sur les pays émergents. Le constat est sans appel : la croissance mondiale est en déclin, offrant des perspectives peu réjouissantes pour nombre de nations. La Banque mondiale a corroboré ce constat, soulignant le ralentissement économique spécifique des pays émergents, dont l'Algérie.

Ainsi, selon le dernier rapport de cette institution financière, publié le 6 juin, « la croissance a nettement ralenti et le risque de tensions financières dans les économies de marché émergentes et en développement s'intensifie dans un contexte de taux d'intérêt élevés ». La Banque Mondiale alerte dans ce rapport, intitulé « Perspectives économiques mondiales », sur « l’éventualité de tensions bancaires plus généralisées et d’un resserrement plus important de la politique monétaire pourrait se traduire par une croissance mondiale encore plus faible, et entraîner des perturbations financières dans les économies émergentes et en développement les plus vulnérables ».

« Une action politique globale est indispensable pour renforcer la stabilité macroéconomique et financière », préconise cette institution qui rappelle que « dans de nombreux pays émergents et en développement, en particulier ceux à faibles revenus, la soutenabilité budgétaire nécessitera davantage de recettes, des dépenses plus efficaces et une meilleure gestion de la dette ». La Banque mondiale indique que « la coopération internationale demeure essentielle pour lutter contre le changement climatique, aider les populations touchées par les crises et la faim, et accorder un allègement de la dette en cas de besoin ».

Prévisions de la Banque mondiale pour l'Algérie et la région MENA

L'Algérie fait partie de la région MENA, une région qui a « entamé l’année 2023 sur une dynamique de croissance solide, mais qui marque le pas », selon le rapport de la BM. « Les pays exportateurs de pétrole, qui ont bénéficié d’une croissance élevée pendant 10 ans et d’un faible taux de chômage l’année dernière, ont annoncé des réductions de leur production pétrolière1. Quant aux économies importatrices de pétrole, elles sont en butte à plusieurs difficultés, en particulier une inflation élevée, et leur croissance s’est nettement ralentie en 2023 », affirme encore la Banque mondiale.

Ce rapport2 rappelle qu'« étant donné que l'effet d'aubaine de l'envolée des cours pour les exportateurs s'estompe et que la demande mondiale fléchit, la production pétrolière a rapidement chuté par rapport aux hausses à deux chiffres de la fin 2022 ». Une situation qui concerne particulièrement l'Algérie, qui a également réduit sa production du pétrole pour soutenir les prix.

En ce qui concerne la croissance économique, la banque Mondiale n'est pas optimiste pour l'Algérie. Globalement, pour la région MENA, la BM prévoit que « la croissance […] devrait ralentir à 2,2 % en 2023, avec des révisions à la baisse par rapport aux projections de janvier, tant pour les pays exportateurs qu’importateurs de pétrole ». L'institution estime toutefois que « le niveau de production devrait […] rebondir en 2024 pour atteindre 3,3 %, dans la mesure où l’inflation et les turbulences mondiales s’atténueront et que la production de pétrole augmentera ». Plus en détail, en ce qui concerne l'Algérie, la banque Mondiale prévoit une croissance de 1,7 % pour l'année en cours, 2,4 % pour 2024 et 2,1 % pour 2025. Des chiffres en deçà des prévisions précédentes et également de celles du gouvernement algérien.


  1. Pétrole : mise à mal, l'OPEP réduit la production, les prix remontent 

  2. MENA, Perspectives économiques mondiales, juin 2023, La Banque mondiale 

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