Inédit : L'Algérien survivant de l'accident de train à Ciboure saisit la justice française pour dénoncer le verrouillage des frontières

Accident de TER entre Ciboure et Saint-Jean-De-Luz

Le dossier du terrible accident qui a entraîné la mort de trois migrants algériens sur une voie ferrée de Ciboure revient au-devant de la scène. En effet, un Algérien survivant de ce drame a saisi la justice française. Dans sa plainte, cet Algérien, aidé par des associations de défense des droits des migrants, a surtout tenu à dénoncer « le verrouillage des frontières » entre la France et l'Espagne.

Après la mort tragique de trois migrants algériens fauchés par un train en octobre 2021 dans le sud-ouest de la France près de la frontière espagnole, un survivant de l'accident, de nationalité algérienne ainsi que des proches des victimes ont saisi la justice pour dénoncer « le verrouillage des frontières », a indiqué le vendredi 16 juin l'AFP qui cite leur avocat. Une plainte inédite dans les annales de la justice française, selon les spécialistes du droit.

Le drame est survenu le 12 octobre 2021 vers 5 h du matin, lorsque les quatre jeunes Algériens avaient été fauchés par un train régional express alors qu'ils longeaient la voie ferrée à pied pour échapper à un éventuel contrôle de police à Ciboure, plusieurs kilomètres après avoir franchi la frontière franco-espagnole. Trois d'entre eux décédaient sur le coup, le quatrième étant grièvement blessé.
Une première plainte, visant un passeur qui aurait drogué les victimes, avait été immédiatement ouverte. Les familles des victimes et le seul rescapé de l'accident comptaient sur l'enquête pour obtenir des réponses à leurs questions sur les causes de la mort des trois Algériens. Finalement, l'enquête ouverte pour « homicide involontaire » a été classée sans suite, avait indiqué, le 21 avril 2022, le parquet de Bayonne à l'AFP.

Le migrant algérien dépose plainte « contre le verrouillage des frontières » françaises

Décidés à ne pas lâcher prise, le survivant algérien et les familles des victimes de ce drame ont décidé de revenir à la charge. Aidés par trois associations de défense des droits des migrants – le Gisti, l'Anafe et la Cimade –,  ils ont cette fois déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès d'un juge d'instruction du tribunal de Bayonne pour dénoncer « le verrouillage des frontières qui fait prendre des risques inconsidérés aux exilés », a précisé Me Gabriel Lassort dans une déclaration à l'AFP.

Cette plainte met en cause le « rétablissement irrégulier des contrôles aux frontières intérieures de la France » et l'action des forces de l'ordre. Celles-ci, estiment les plaignants, « ne peuvent ignorer qu'en renforçant sans cesse les obstacles physiques à la circulation des personnes […] elles contribuent directement, mécaniquement, à la multiplication d'accidents graves et de décès ».

Pour l'avocat des plaignants, le drame de Ciboure découle directement de cette politique : « Les exilés prennent des risques absolus pour tenter de passer. Pour preuve, la veille, deux des victimes avaient déjà tenté leur chance autrement et s'étaient fait refouler ». Les trois associations d'aide aux migrants associées dénoncent pour leur part une « militarisation des frontières » qui « contribuent à la multiplication d'accidents graves et de décès ». Les associations d'aide aux migrants qui s'insurgent de cette « omniprésence policière » attendant de cette plainte qu'elle « détermine le rôle causal des décisions prises pour la mise en œuvre de la politique de contrôles des frontières dans la survenance de ce drame ».

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