France : Le droit des footballeuses à porter le hijab examiné par le Conseil d'État

Une femme sportive qui porte le hidjab

Toléré dans plusieurs pays occidentaux, le port du hijab par les sportives de haut niveau est interdit en France. Une interdiction qui touche principalement les footballeuses, sur décision de la Fédération française de football (FFF). Se sentant lésées, les Hijabeuses ont saisi le Conseil d’État, la plus haute juridiction en France, pour défendre ce qu’elles considèrent comme étant leur « droit de porter le voile islamique pour jouer » au football en France.

L’affaire du port du hijab par des footballeuses durant les compétitions en France n’a toujours pas connu son épilogue. Malgré le vote par le Sénat d'une loi sur son interdiction, les sportives « hijabeuses » françaises reviennent à la charge. Après avoir manifesté bruyamment les deux dernières années dans toute la France pour réclamer leur droit de pratiquer le sport avec le hijab, les revoilà à nouveau au-devant la scène.

En effet, le Conseil d'État a examiné, lundi 26 juin, un recours des Hijabeuses contre la Fédération française de football (FFF). Le collectif conteste devant la justice l'article 1 du règlement de la FFF, qui interdit depuis 2016 « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale » lors des compétitions. Lors de l'audience, le rapporteur public, dont l'avis est généralement suivi, est allé dans le sens du collectif des hijabeuses.

Le Conseil d'État ouvre la voie à une autorisation du port du hijab par les footballeuses en France

Clément Malverti, rapporteur public de la plus haute juridiction administrative en France, a ouvert la porte à une autorisation du port du hijab par les footballeuses. Il a demandé que la FFF modifie son règlement et a réclamé l’annulation de l’article 1. Pour étayer son argumentaire, le rapporteur public a souligné la « distinction fondamentale » entre agents du service public et usagers. Les premiers sont tenus au principe de « neutralité », alors que les seconds sont « libres » de manifester leurs convictions tant qu’ils ne troublent pas l’ordre public.

Dans son argumentaire, le représentant du Conseil d’État a affirmé qu'il n’y a ni « prosélytisme », ni « provocation » dans le seul port du hijab et aucune « exigence de neutralité » pour les joueuses licenciées de la FFF. S'il a estimé que la question du port du voile pouvait se poser pour les joueuses sélectionnées en équipe de France, où elles représentent « la Nation » et effectuent « une mission de service public », la question est « autrement plus discutable » pour les autres joueuses licenciées de la FFF.

L'extrême droite dénonce « l'expansion de l'islam radical » en France

« Notre combat n'est pas politique, pas religieux, il concerne le sport et seulement le sport », a assuré, pour sa part, Founé Diawara, présidente du collectif des femmes musulmanes « Les Hijabeuses », devant la presse à l'issue de l'audience du Conseil d’État. « Il y a des femmes qui chaque week-end sont exclues des terrains parce qu'elles portent un voile », a-t-elle souligné. « Tout ce que l'on veut, c'est jouer au football », insiste-t-elle, rappelant que la FIFA autorise depuis 2014 les joueuses à évoluer en compétition internationale avec leur voile.

Alors que l’arrêt du Conseil d’État sera rendu d’ici trois semaines, l’avis du rapporteur public a fait déjà réagir la classe politique en France. « Je crois que rien n'est neutre, ni l'école ni le sport ni la vie en communauté. Il faut arrêter d'être naïf. Très souvent, c'est une façon de revendiquer quelque chose, lorsque l'on porte ce type de tenue. C'est pareil avec l'abaya à l'école. La volonté d'expansion de cet islam radical doit trouver face à la lui la fermeté d'une République laïque », a dénoncé Laurent Jacobelli, député RN, un parti de l’extrême droite.

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