Le problème de l'immigration clandestine est au centre des préoccupations de l'Europe. Depuis l'arrivée au pouvoir de l'Italienne Giorgia Meloni, le vieux continent multiplie les initiatives pour forcer les pays de l'Afrique du Nord à épouser sa stratégie et à faire le gendarme de l'Union européenne sur les frontières africaines.
En effet, l'Europe a choisi une gestion sécuritaire et veut arrêter l'immigration à la source en mettant à la disposition des pays de l'Afrique du Nord des moyens pour faire face aux départs massifs de migrants vers l'Europe. L'Union européenne a déjà signé un accord avec la Tunisie en contrepartie d'une aide économique1. Les Tunisiens auront 105 millions d'euros pour lutter contre les flux migratoires.
L'Europe ne compte pas s'arrêter là. D'autres pays, notamment le Maroc et l'Égypte, intéressent ce bloc politico-économique pour la mise en place d'accords similaires2. La Première ministre italienne Giorgia Meloni, issue d'un parti d'extrême droite, donne le la : les Africains doivent se plier aux exigences européennes. Pour Giorgia Meloni, les flux migratoires ne peuvent être gérés qu'en mettant en place une politique sécuritaire stricte. Elle insuffle ainsi une dynamique proche des thèses des mouvements extrémistes européens concernant l'immigration clandestine.
L'immigration clandestine est un problème qu'il faut prendre en considération dans sa globalité
Cette responsable européenne a pris l'initiative d'organiser une conférence internationale sur les migrations à Rome3. Une conférence qui a vu la présence de dirigeants de plusieurs pays de la région, de l’Union européenne et des institutions financières internationales, ainsi que des pays africains. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel, ainsi que le haut-commissaire du HCR, Filippo Grandi, ont participé à cette conférence. Une présence qui atténue le peu d’engagement de nombreux gouvernements européens aux côtés du gouvernement italien sur le sujet. Cependant, certains pays ne veulent pas être assimilés à l'initiative italienne. La France et l’Espagne, concernées directement par la problématique, n’ont pas jugé utile de participer.
« Lutte contre l’immigration illégale, gestion des flux légaux d’immigration, soutien aux réfugiés, et surtout, la chose la plus importante, sinon tout ce que nous ferons sera insuffisant, une large coopération pour soutenir le développement de l’Afrique, et particulièrement des pays de provenance » des migrants ; c'est ce qu'a déclaré la responsable italienne. Cependant, cette approche de l'immigration où les moyens sont mis à la disposition des pays de départs pour stopper l'immigration et non pour favoriser le développement des ces pays pose problème pour de nombreux experts dans le domaine. Pour solutionner ce problème, il faut le prendre dans sa globalité et surtout s'attaquer aux causes qui poussent de nombreux jeunes à quitter leurs pays.
En effet, au lieu de faire jouer aux pays de départ le rôle de « postes avancés » de l'Europe pour stopper la migration, beaucoup préconisent une autre approche. Ils plaident pour des politiques et des réseaux de solidarité internationaux qui privilégient des solutions économiques à même d'aider les populations les plus vulnérables. La lutte contre l'immigration ne peut s'arrêter aux financements pour des opérations de refoulement de migrants et des campagnes de lutte contre les réseaux de passeurs.
La Tunisie reçoit 105 millions d'euros d'aides pour jouer au gendarme et stopper l'immigration clandestine, 17 juillet 2023, ObservAlgérie ↩
Après la Tunisie, l'Europe lorgne du côté du Maroc et de l'Égypte pour contenir la migration clandestine, 18 juillet 2023, ObservAlgérie ↩
L'Algérie participe à une Conférence sur l'immigration en Italie, 23 juillet 2023, ObservAlgérie ↩