Ces dernières années, la Chine a entrepris des investissements colossaux en Afrique. Cette puissance économique est présente dans de nombreux pays et surtout dans des secteurs variés.
Avec notamment son projet de la nouvelle route de la soie, l'empire du Milieu fait paniquer l'occident au point où l'Union européenne a décidé d'investir des sommes colossales en Afrique, avec un plan d'investissement mondial de 340 milliards de dollars US, qu'elle a décrit comme une « véritable alternative » à l'initiative chinoise Belt and Road, également connue sous le nom de nouvelle route de la soie.
Cependant, l'écart est déjà grand entre ces puissances. En effet, selon un rapport publié par Hinrich Foundation, une fondation philanthropique basée à Singapour, les entreprises chinoises ont remporté 31 % des contrats de construction des infrastructures d’un montant supérieur ou égal à 50 millions de dollars en Afrique en 2022 contre 12 % seulement pour leurs rivales occidentales.
Ce rapport, dont le titre traduit en français donne « L’écho des tambours : la montée en puissance de l’Afrique dans le commerce mondial et la géopolitique », confirme la montée en puissance de la Chine dans le domaine de construction des infrastructures sur le continent. Des investissements qui se sont accrus depuis le lancement de « l’initiative des nouvelles routes de la soie » à l’automne 2013.
Pour comprendre cette montée en flèche de la présence chinoise sur le continent africain, il faut rappeler qu'en 1990, les entreprises occidentales remportaient 85 % des contrats de construction d’infrastructures en Afrique. En 2013, les entreprises chinoises n’avaient remporté que 12 % de ces contrats, contre 37 % pour les compagnies occidentales.
En matière de chiffres, la Chine a dépensé durant les deux dernières années 155 milliards de dollars en Afrique, rapporte Hinrich Foundation, alors qu'à titre de comparaison, les USA se sont limités à 44,8 milliards de dollars en 2021 en investissements directs en Afrique. Elles sont plus de 10'000 entreprises chinoises à opérer en Afrique. Les revenus cumulés de ces entreprises, qui ont investi 300 milliards de dollars sur le continent, devraient atteindre 440 milliards de dollars en 2025, indique cette étude.
Les pays africains veulent l'industrialisation, et non des infrastructures
Lors d'un point de presse en marge du sommet des BRICS en Afrique du Sud, Wu Peng, directeur général du département chinois des affaires africaines au ministère des Affaires étrangères, a affirmé que plusieurs pays africains souhaitent désormais voir une orientation vers l'industrialisation locale plutôt que la simple construction d'infrastructures sur le continent.
L'intégration accrue de l'Afrique et les développements, tels que l'Accord de libre-échange continental africain lancé en début d'année 2021 pour faciliter les échanges commerciaux sans droits de douane entre les pays africains, ont contribué à cette nouvelle perspective. En réponse aux besoins émergents, la Chine envisage de discuter de ses projets d'industrialisation pour le continent lors d'une table ronde spéciale avec les dirigeants africains dans le cadre de la réunion du bloc des BRICS qui se tient jusqu'au 24 août.
Cette évolution dans la relation sino-africaine reflète un changement stratégique en accord avec les besoins économiques changeants de la région. Alors que la Chine a été un acteur clé dans la construction d'infrastructures en Afrique au cours des dernières années, cette nouvelle orientation vers l'industrialisation s'aligne sur les ambitions croissantes de nombreux pays africains de renforcer leur propre capacité de production et développer des secteurs industriels durables.
Il reste à voir comment cette nouvelle orientation influencera les dynamiques économiques et politiques entre la Chine et l'Afrique à l'avenir, mais une telle initiative pourrait aider les pays africains à diversifier leurs économies et à créer des emplois locaux
