L'Algérie a réagi de façon énergique aux poursuites judiciaires lancées par la justice suisse contre Khaled Nezzar, l'ancien ministre algérien de la Défense, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans les années 90, suite à une plainte déposée par l'organisation Trial International. La justice suisse a inculpé cette semaine l'ex-ministre, âgé de 85 ans, qui était en poste entre 1990 et 1993.
Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l'étranger, le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, s'est entretenu avec son homologue suisse Ignazio Cassis, auquel il a rappelé que " l’indépendance de la justice ne justifie pas l’irresponsabilité et qu’un système judiciaire quel qu’il soit s’arroge le droit absolu pour juger des politiques d’un État souverain et indépendant", fait-on savoir dans le communiqué.
Ahmed Attaf a même prévenu son homologue suisse que cette affaire est susceptible d'avoir des conséquences sur les relations algéro-suisses. "Cette affaire a atteint les limites de l’inadmissible et de l’intolérable et que le gouvernement algérien est déterminé à en tirer toutes les conséquences, y compris celles qui sont loin d’être souhaitables pour l’avenir des relations algéro-suisses. Il a formulé le vœu que tout soit entrepris pour éviter que cette affaire n’entraîne les relations entre l’Algérie et la Suisse sur la voie de l’indésirable et de l’irréparable", a indiqué le ministre algérien, repris dans le communiqué du ministère.
Khaled Nezzar conteste les accusations portées à son encontre
De leur côté, les avocats de l'ex-ministre de la Défense nationale ont réagi à l'acte d'accusation transmis au Tribunal pénal fédéral (TPF). Ils estiment que Nezzar "conteste fermement avoir commis, ordonné, orchestré, prêté assistance ou même toléré des actions pouvant relever de la qualification de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité". Pour eux, "Le général Khaled Nezzar s’est toujours opposé, en particulier, à la torture qu’il n’a pas hésité à condamner publiquement dans les années 1990 déjà", estimant que "l’instruction de la procédure, visant le général Khaled Nezzar, s’inscrit dès l’origine dans un contexte éminemment politique".
Pour rappel, cela fait une douzaine d'années que l'instruction dure dans cette affaire après un dépôt de plainte effectuée par l'Organisation non-gouvernementale (ONG), Trial International, basée en Suisse. Et c'est le 28 août 2023 que le ministère public suisse a transmis l'acte d'accusation contre Khaled Nezzar au TPF. Les partisans et les soutiens du général accusent les membres de l'ONG d'être des islamistes alors que Khaled Nezzar est pour eux l'homme qui "incarne le refus du projet politique islamiste extrémiste".