En France à peine la polémique sur l'abaya commence à se tasser, une nouvelle polémique prend place. En effet, en cette rentrée sociale et politique, le sujet de l'immigration revient au-devant de la scène. La présentation devant les parlementaires de la nouvelle loi sur l'immigration est donc une occasion pour débattre de la question, mais aussi une aubaine pour les populistes d'user de la surenchère sur le dossier.
La droite est passée à l'offensive et s'oppose à l'immigration. Ce courant politique est même allé plus loin : Ses leaders réclament la suppression de l'accord de 1968 avec l'Algérie. De son côté, la gauche et l'extrême gauche veulent contrecarrer les visées des Républicains et autres formations hostiles à la régularisation des sans-papiers. Plusieurs élus de ce courant ont signé une tribune publiée dans la presse en faveur de cette régularisation.
« Nous portons un projet humaniste et concret. Nous souhaitons l'adoption de trois mesures urgentes pour l'accès des personnes étrangères au travail », déclarent en préambule les signataires de cette tribune en ajoutant : « tout d'abord, nous assumons la nécessité d'une régularisation de travailleuses et de travailleurs sans papiers, dans tous ces métiers qui connaissent une forte proportion de personnes placées en situation irrégulière. Ce sont bien souvent ceux que l'on retrouve en première ligne dans les secteurs en tension comme le BTP, l'hôtellerie-restauration, la propreté, la manutention, l'aide à la personne. Des milliers de personnes sont maintenues dans la précarité, a fortiori les vrais-faux indépendants comme autoentrepreneurs, dans les métiers les plus pénibles comme les plus utiles socialement ».
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Les travailleurs sans papiers sont indispensables à l'économie française
Ces signataires appartenant au parti politique de gauche, mais aussi au parti de président Emmanuel Macron, soutiennent la mesure phare du nouveaux projet de la loi sur l'immigration qui projette de mettre en place un titre de séjour spécial à ceux qui exercent des métiers dits « sous tension ». Ils affirment que « ces travailleurs sans papiers contribuent à l'économie et à la vie sociale de notre pays. Sans eux, ces secteurs et des pans entiers de notre pays ne pourraient fonctionner. La France qui se lève tôt, ce sont aussi elles et eux, si utiles, si nécessaires. Et pourtant ils n'ont pas officiellement le droit de travailler faute de pouvoir disposer d'un titre de séjour ».
Les signataires expliquent également que « si ces immigrés travaillent tout de même, c'est pour survivre et parce que les employeurs ont besoin de salariés. Les pouvoirs publics ferment les yeux ou ignorent leur situation en raison du caractère indispensable de ces travailleurs pour notre économie et pour répondre aux besoins sociaux. Leur précarisation est le résultat d'une hypocrisie collective : ne pas les autoriser légalement à travailler, mais continuer à solliciter leurs concours. Sans papiers, sans reconnaissance, ils éprouvent les plus grandes difficultés pour se nourrir, se loger, se soigner et accéder à une vie sociale normale. La clandestinité les invisibilise, les fragilise et les condamne à la précarisation et à la désocialisation. Faute de pouvoir faire valoir leurs droits, ils acceptent de faibles salaires qui pèsent sur le niveau des rémunérations dans certains secteurs ».
En plus de la régularisation des travailleurs sans papiers, les signataires de la tribune plaident également pour la régularisation de ceux qui ne peuvent travailler faute de papiers. « Aux travailleurs sans papiers s'ajoutent tous celles et ceux qui sont présents sur le territoire national et qui sont empêchés de travailler faute de papiers. Ils n'ont d'autres solutions que de recourir à l'hébergement d'urgence ou à d'autres solutions de fortune. Alors qu'ils ne demandent qu'à travailler. Ils pourraient le faire directement ou après une formation que de nombreuses branches professionnelles et des centres de formation publics sont prêts à développer. L'accent doit être en particulier mis sur l'accès des femmes étrangères au travail, l'un des plus faibles de l'OCDE ». Il est donc clair que « la régularisation de leurs situations, demande de longue date des associations qui les accueillent dans la précarité, émane tout autant des organisations syndicales et patronales » est devenu une nécessité pour l'économie française.