La Petite de Ferruch : le roman d'un magistrat français évoque les viols pendant la guerre d'Algérie

Guerre d'Algérie - Viols - La Petite de Ferruch - Yvon Ollivier

Longtemps ignorés ou occultés des histoires de la guerre, les viols sont un sujet tabou dont on parle si peu. Pourtant, pendant la guerre de libération algérienne, des témoignages écrits ou oraux d’anciens acteurs de cet épisode de l'histoire de l'Algérie évoquent ces mauvais traitements. Des viols ignorés par les autorités françaises et peu évoqués par les Algériens.

Ainsi, la question des agressions et tortures sexuelles commises de manière quasi systématique par certains soldats français demeure l’angle mort des recherches historiques dans les deux pays. Cependant, certaines femmes ont osé témoigner des sévices qu'elles ont subis pendant cette guerre où les Français n'ont pas hésité à utiliser tous les moyens pour briser la résistance des Algériens.

Louisette Ighilahriz est l'une de ces femmes qui ont brisé le silence sur cette question. « J’étais allongée nue, toujours nue […] Dès que j’entendais le bruit de leurs bottes, je me mettais à trembler […] Le plus dur, c'est de tenir les premiers jours, de s’habituer à la douleur. Après, on se détache mentalement. C’est un peu comme si le corps se mettait à flotter », avait-elle raconté. En témoignant, cette femme courageuse s'attendait à briser la loi du silence sur les viols commis par l'armée française. « Il fallait que je partage un fardeau trop lourd pour moi. En mettant les mots sur mes maux, je pensais trouver un apaisement. Je suis juste un peu amère, car je m’attendais à une libération de la parole, elle ne s’est pas produite », avait-elle affirmé.

Même le rapport de Benjamin Stora ne parle pas de viols pendant la guerre d'Algérie

63 ans après l'indépendance de l'Algérie, le sujet reste peu évoqué. Certaines Algériennes ont même emporté le lourd secret dans leurs tombes. Le magistrat nantais de 56 ans Yvon Ollivier a évoqué cette question dans son nouveau roman qui porte le titre La Petite de Ferruch. Un ouvrage dans lequel ce magistrat parle des agressions sexuelles commises pendant la guerre d’Algérie et de la maltraitance des enfants. Le roman s'articule sur la quête d'un homme qui cherche à comprendre d’où il vient. Yvon Ollivier explore dans son nouveau roman La Petite de Ferruch, publié aux éditions Complicités, certains mécanismes humains complexes et étonnants.

Il revient dans les colonnes du journal Sud Ouest sur ce roman, mais surtout sur la question des viols pendant la colonisation française, notamment pendant la Révolution algérienne. « On a du mal à penser le viol par les militaires. C’est arrivé pendant la guerre d’Algérie, évidemment. Mais on n’en parle pas. Aucun mot dans le rapport Stora sur la colonisation », affirme le magistrat qui s’intéresse depuis longtemps au concept de déshumanisation ordinaire, « la déshumanisation que l’on ne voit plus en ce qu’elle est conforme au système de pensée », constate l'auteur de La petite de Ferruch. « C'est qu’il est impossible de parler de ces choses-là », considère Yvon Ollivier qui n'a, à aucun moment, utilisé le mot viol dans son roman.

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