Les relations franco-algériennes occupent souvent le devant de la scène en France. En effet, ces relations en dents de scie sont au centre d'intérêt de la classe politique française. Ces derniers temps, une partie des acteurs politiques remet en cause l'attitude des décideurs actuels dans l'Hexagone.
La droite et l'extrême droite ne cessent de dénoncer "la mollesse" du Président français Emmanuel Macron. L'offensive de ce courant politique contre le rapprochement entre l'Algérie et la France s'est notamment traduit par des appels à la révision de l'accord de 1968 entre les deux pays. Un accord qui donne des privilèges aux Algériens, en matière d'immigration.
L'ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt est celui qui a ouvert cette brèche. Le diplomate débarrassé du devoir de réserve ne cesse depuis de s'attaquer à la politique étrangère d'Emmanuel Macron concernant l'Algérie. L'ancien ambassadeur ne rate aucune occasion pour réitérer la revendication de la suppression de l'accord de 1968 mais également pour appeler le Président actuel à être ferme avec l'Algérie.
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Dans une nouvelle tribune publiée au journal Le Figaro, Xavier Driencourt vilipende, en effet, Emmanuel Macron et sa volonté de se rapprocher de l'Algérie. D'emblée, l'ex-ambassadeur s'est exprimé sur la visite de Abdelmadjid Tebboune en France, une visite reportée à maintes reprises. "L’idée d’une visite du président algérien à Paris semble se préciser (...) l’ambassadeur de France à Alger aurait transmis au président Tebboune une nouvelle invitation de son homologue français pour venir à Paris. Gérald Darmanin, en visite à Alger en novembre, aurait confirmé cette invitation pour le printemps, sans doute après le ramadan", écrit Xavier Driencourt qui s'interroge sur le fait que "l'insistance française ne fait que souligner l’importance qu’à Paris comme à Alger, on attache à ce projet. Mais quel intérêt a la France à une telle visite ? Et quel intérêt y trouve de son côté une Algérie qui n’a cessé d’invectiver Paris ?"
"Pour la France, le président de la République, malgré les revers qu’il a subis dans sa relation avec Alger, c’est finalement la poursuite, « quoi qu’il en coûte », d’un rapprochement avec Alger qu’il pense être le seul à pouvoir mener à bien, ce que ni de Gaulle, ni Mitterrand, ni Chirac avant lui, n’avait réussi. Il veut concrétiser ce rapprochement durant le quinquennat actuel", constate le diplomate qui, au passage, souligne le « quoi qu’il en coûte » de Macron pour encore une fois remettre en cause sa stratégie.
Driencourt à l'avant-garde du courant anti-algérien en France
L'ancien ambassadeur continue plus loin dans sa tribune, avec un ton plus offensif en utilisant surtout le sarcasme pour tourner en dérision Emmanul Macron. "Quoi qu’il en coûte, c’est-à-dire malgré les rebuffades, les insultes, les critiques venues de l’autre côté de la Méditerranée. Malgré l’absence de coopération dans la lutte contre l’immigration clandestine (ou, pour être exact, davantage de laissez-passer consulaires accordés par les vingt consulats algériens en échange, selon le ministère de l'Intérieur, d’une normalisation de la délivrance des visas, autour de 300.000 par an), malgré le rapprochement de l’Algérie avec la Russie, malgré les interventions algériennes dans la politique intérieure française durant les émeutes de juin 2023, en dépit enfin de la réaction du Maroc". Driencourt ne cache donc plus sa préférence pour le Maroc qu'il met en opposition avec l'Algérie dans cette dernière phrase très significative et qui dénote l'appartenance de ce diplomate à un lobby marocain composé surtout de responsables de la droite française.
Revenant sur la visite de Tebboune en France, l'ex ambassadeur écrit : "En termes de politique intérieure, est-ce une bonne idée que d’inviter à Paris, pour une visite d’État, c’est-à-dire le format le plus visible et le plus prestigieux des voyages officiels, le chef d’État algérien au moment même où sera en discussion la loi sur l’immigration, avant les élections européennes qui mettront sans doute la question migratoire au centre des débats ?" En réponse à cette interrogation, Driencourt affirme en s'interrogeant toujours que "s’afficher à l’Élysée avec Abdelmadjid Tebboune alors que l’immigration algérienne constitue un casse-tête pour la France, n’est-ce pas un curieux télescopage avec la politique intérieure française, sachant qu’Alger sait jouer de l’arme migratoire à nos dépens ?".
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Le diplomate français mène donc son offensive contre l'Algérie et par ricochet contre le Président actuel dans une conjoncture très compliquée en France. Il est à l'avant-garde du courant anti-algérien et apporte de l'eau au moulin de l'extrême droite qui instrumentalise la question de l'immigration et celle des relations algéro-françaises.