Des députés demandent la fermeture du Square Port-Saïd et autres places d'échange de devises au noir

Square Port Saïd, une des places de l'économie informelle et du change des devises en Algérie (marché noir)

« Concernant les devises, j'ai promis d'assainir l'économie algérienne. Le Square a été utilisé pour l'évasion et le transfert illicite des devises et de sommes importantes non déclarées vers l'étranger », avait déclaré Abdelmadjid Tebboune en février 2020. Plus de 2 ans après cette déclaration, le marché noir des devises en Algérie fonctionne toujours. Cette situation a fait réagir des députés lors du 2e jour de la présentation de la déclaration de la politique générale du gouvernement.

En effet, plusieurs députés ont appelé à mettre fin à la spéculation sur la devise au marché noir et ont souligné la nécessité d'ouvrir en urgence des bureaux de change afin d'en finir avec le marché noir des devises en Algérie. Ainsi, ces députés ont appelé Aïmene Benabderrahmane à prendre les mesures nécessaires afin d'attirer les capitaux qui circulent sur le marché noir dans les circuits officiels. Le député du front Front Al Moustakbel Slimane Smaili a interpellé le Premier ministre afin de faire face aux déséquilibres du système financier en Algérie en affirmant qu'aucun saut quantitatif sur le plan économique ne peut être réalisé sans la mise en place de bureaux de change et sans en finir avec le marché noir des devises.

Il faut rappeler que depuis plusieurs années, des experts ont appelé à mettre fin à ce marché, considéré comme un frein à l'économie algérienne. Déjà au début de l'année 2020, le Président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Mohamed Sami Agli, avait  affirmé que le chiffre des capitaux qui circulent dans le marché noir dépasse largement celui annoncé par les organismes officiels. Mohamed Sami Agli avait parlé de 80 milliards de dollars. « Nous devons mettre énormément de confiance pour capter cet informel. On parle de 50 % de notre PIB », avait-il indiqué.

Marché noir et bureaux de change : une équation difficile

Le constat était implacable et, depuis, peu de choses ont changé. « Tout est dans l'informel. Notre vie au quotidien tourne autour de l'informel. Mais pour mettre cet informel dans le circuit formel, nous allons faire des propositions concrètes », avait alors affirmé le président du FCE1. Depuis ces annonces, le marché informel continue de fonctionner.

Par ailleurs, l'ouverture des bureaux de change en Algérie tarde à voir le jour. Elle a été annoncée à maintes reprises par les responsables sans qu'elle ne se concrétise sur le terrain. Les conditions d'ouverture des bureaux de changes ont été fixées par la loi depuis 2016. À ce jour, ces bureaux n'ont toujours pas vu le jour, pour diverses raisons. Le 16 mai 2022, le ministre des Finances a promis l'ouverture du dossier pour trouver des solutions au marché de change. Cependant, le ministre des Finances Abderrahmane Raouya avait affirmé, le 9 juin, que les investisseurs ne manifestaient pas d'intérêt pour cette activité. Il avait relevé qu'il n'existait pas de demande d'ouverture de bureaux de change2.

Il faut dire que faute de ces bureaux de change officiels, les investisseurs, notamment étrangers, vont se retrouver devant de grands obstacles concernant le change. Une situation qui va continuer à renforcer le secteur de l'informel et faire vivre le marché noir des devises.


  1. Algérie : Le marché informel des devises estimé à 80 milliards de dollars 

  2. « Il n'y a aucun intérêt manifesté par des investisseurs » pour les bureaux de change, selon le ministre des Finances 

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