« L'Europe est un jardin » et le reste du monde est « une jungle » : le lapsus qui crée la polémique

Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne

Les déclarations controversées des hommes polémiques, ce n'est pas ce qui risque de s'arrêter un jour. Bourdes, maladresses, lapsus… les appellations sont multiples, mais l'effet est souvent le même : de petites blessures infligées à l'autre.

Cette fois-ci, c'est le commissaire de l'Union européenne à la Sécurité et aux Étrangères, Josep Borrell, qui crée la polémique en faisant une déclaration pour le moins inattendue. Voulant encenser le continent européen, il ne s'est pas empêché d'évoquer le reste du monde. Et cela a donné une comparaison « déplacée ». « L'Europe est un jardin et le reste du monde est une jungle », a-t-il déclaré. Et à Josep Borrell de développer : « L'Europe est un jardin. Nous avons construit un jardin qui réunit liberté politique, prospérité économique et cohésion sociale. Mais le reste du monde n'est pas du tout un jardin. Le reste du monde, ou la majeure partie du reste du monde, c'est la jungle ».

Lapsus de Josep Borrell : des excuses peu convaincantes

Venant d'un homme dont l'« expérience » en politique est si longue, une telle déclaration a de quoi laisser perplexe. Josep Borrell a bien fini par présenter des excuses. Il a expliqué que sa phrase – « L'Europe est un jardin et le reste du monde est une jungle » – avait été « sortie de son contexte, pour lui donner un caractère offensant ».

Josep Borrell a fini par déclarer clairement : « Je suis désolé si certains sont offensés. J'ai dit la semaine dernière aux ambassadeurs auprès de l'UE que nous nous concentrons souvent sur l'Europe, alors que nous devons être humbles et mieux connaître le reste du monde ». Pour que ses excuses passent mieux, Borrell ajoute : « malheureusement, le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui ressemble à une jungle, et dans une moindre mesure à un jardin. Parce que dans de nombreuses régions du monde, la loi du plus fort est appliquée alors que toutes les normes internationales convenues s'érodent ». « J'ai aussi assez d'expérience pour savoir que ni l'Europe ni l'Occident ne sont parfaits. Et que certains pays occidentaux ont parfois violé la légitimité internationale », a-t-il conclu1.

Il en reste que ce genre de déclarations renfermement une bonne dose de mépris, et même les longues excuses n'y peuvent pas grand-chose, surtout quand cela vient d'un homme de la trempe de Josep Borrell, dont la carrière politique est longue d'un demi-siècle. En effet, c'est en 1974 que cet homme politique, né en 1947, intègre le Parti socialiste ouvrier espagnol. Après des élections, des nominations, des abandons… il est rappelé au gouvernement espagnol en qualité de ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération. Un peu plus d'un an plus tard, il quitte l'exécutif espagnol afin de prendre les fonctions de haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne.


  1. On metaphors and geo-politics, Europa.eu 

Retour en haut
Share via
Copy link