Gestion du Covid-19 : Mostefa Khiati met à nu la défaillance de l'État algérien

La gestion de la crise sanitaire induite par la pandémie du Covid-19 ne cesse de faire objet d’acerbes critiques en Algérie. Le « tout va bien » affiché à chaque occasion par les représentants de l'État est souvent battu en brèche par la réalité du terrain. Des spécialistes de la santé sont souvent montés au créneau pour mettre à nu la défaillance de l'État dans le gestion de cette crise sanitaire.

Pénurie d'oxygène, manque de places dans les hôpitaux, cherté des tests PCR, vaccination insuffisante… Tous les griefs sont portés par les spécialistes et les professionnels de la santé contre la politique des pouvoirs publics dans la gestion de la pandémie de Covid-19 en Algérie. Les critiques sont devenus encore plus persistantes avec la recrudescence du nombre de contaminés enregistrés depuis quelques semaines à travers le pays.

Le professeur Mostefa Khiati formule des critiques acerbes contre le ministre de la Santé

Dans un entretien accordé ce lundi 9 août au média algérien TSA [archive], le Professeur Mostefa Khiati, médecin chercheur, a évoqué la pénurie d'oxygène qui touche les hôpitaux et insiste sur l’importance de la vaccination pour éviter une quatrième vague de la pandémie. Mostefa Khiati a formulé des critiques acerbes à l’égard du ministère de la Santé, dirigé par le professeur Abderahmane Benbouzid et de l’Agence de sécurité sanitaire, présidée par le professeur Senhadji.

Pr Khiati : « Le problème de l’oxygène n'a pas été pris au sérieux par le ministère de la Santé »

Au sujet de la pénurie d’oxygène, le professeur Khiati a indiqué que la faute incombe aux services du ministère de la Santé, qu'il accuse de négligence. « Si l’on voit ce qui se passe au niveau de la production nationale d’oxygène, il ne s’agit pas d’un déficit de production à l’échelle nationale, mais c’est au niveau des hôpitaux, donc au niveau du ministère de la Santé, que les choses n’ont pas été prises au sérieux. Il y a eu une négligence », affirme-t-il.

Le déficit en oxygène montré la décadence du système de santé algérien

Pour cet expert en médecine, « le problème du déficit en oxygène a montré un autre aspect de la déliquescence (décadence, NDLR) du système de santé algérien. Il n'a pas été anticipatif. Il n'a pas su prendre des dispositions à l'avance », indique-t-il. Dans le même entretien, le professeur Khiati a adressé une critique au premier responsable de l’Agence de sécurité sanitaire : « Nous nous étonnons qu’une Agence de la sécurité sanitaire, mise en place au mois d’avril ou de mai dernier, n'a pas su prévoir cela, et n'a pas demandé au ministère de la Santé et aux hôpitaux de s'équiper de générateurs d'oxygène ».

Le professeur Khiati dément les statistiques du ministère de la Santé

Le professeur Khiati a également mis en doute les chiffres officiels des contaminations et des décés publiés au quotidien par le ministère de la Santé. « En ce qui concerne les chiffres, c’est clair, il me semble même que le directeur de l’Institut pasteur d’Algérie l’a reconnu, en disant que les chiffres donnés par son institut, sont des indicateurs uniquement », affirme-t-il. « Il est vrai que dans la réalité, les chiffres sont plus importants. Il suffit de faire un tour dans les hôpitaux pour s’en apercevoir. Il n’y a pas de places pour les malades. Tous les lits sont saturés. Les chiffres donnés semblent ne pas refléter la réalité », explique-t-il.

Appel à la vaccination pour éviter les drames en Algérie

Dans le même entretien, le professeur Khiati a évoqué la nécessite de vacciner un nombre important de la population afin d'éviter d'autres drames, surtout en cas d'arrivée d'une quatrième vague de la pandémie du Covid-19. « Il faut lancer une grande compagne de vaccination contre le covid-19, partout, et permettre aux pharmaciens de s’impliquer dans la vaccination, grâce à leurs 12'000 officines pharmaceutiques », suggéré-t-il.

À ce propos, le professeur Khiati a appelé les pouvoirs publics à « exploiter les autres espaces sanitaires que sont les polycliniques, les cliniques privées, et les laboratoires d’analyses. Il faudrait que l’on puisse arriver, d’ici le début de l’automne, à 10 millions de vaccinés, si l’on veut atténuer les effets des autres épidémies sur la population ».

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