La France va ouvrir les archives de la guerre d'Algérie avec 15 ans d'avance

Alors que la crise politique entre l’Algérie et la France a atteint son paroxysme ces dernières semaines, suite aux propos tenus le 30 septembre dernier par le président Emmanuel Macron, la dernière visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères est perçue des deux côtés de la méditerranée comme un signe d’apaisement.  

En effet, Paris veut dénouer la crise profonde qu’elle traverse avec l’Algérie et « renouer une relation de confiance », ainsi que le « dialogue politique ». C’est ce qu’a déclaré le 8 décembre le chef de la diplomatie française Jean Yves Le Drian, au terme de sa visite à Alger. Des déclarations qui sonnent comme une réponse aux déclarations d'Abdelmadjid Tebboune faites le 26 novembre. « Le retour à la normale des relations algéro-françaises est inéluctable », avait déclaré le chef de l'État algérien, en précisant que le « retour à la normale » ne se fera pas sans condition.

Parmi les nombreuses questions qui ont souvent entaché les relations algéro-françaises, figure la question de la mémoire, et en particulier celle des archives sur la guerre d’Algérie. Une question qui fait encore débat, 60 années après l’indépendance de l’Algérie.  En France, une bonne partie de la classe politique, notamment à droite, se dit contre l’ouverture de toutes les archives liée à cette période, pour ne pas « souiller » la mémoire de ceux qui ont « combattu » pour la France durant la guerre d’Algérie.

D’ailleurs, le président Emmanuel Macron est souvent brocardé par ses adversaires qui lui reprochent d’avoir accordé des concessions à l’Algérie sur la question mémorielle. En mars dernier, le chef de l’État français avait promis l’accès aux documents classés secret défense, dont ceux de la guerre d’Algérie conformément aux préconisations du rapport de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Une promesse qui devra être concrétisée à en croire la ministre de la Culture Roseline Bachelot, qui a évoqué cette question le vendredi 10 décembre.

La ministre de la Culture française annonce l’ouverture des archives sur la guerre d’Algérie

Invitée de l’émission Bourdin Direct, diffusée simultanément sur BFM et RMC, la ministre de la Culture a annoncé en effet l’ouverture, par la France, avec quinze années d’avance, des archives sur la guerre d’Algérie. « Il faut avoir le courage de regarder la vérité historique en face. C’est exactement la décision que j’ai prise par un arrêté qui fait que j’ouvre, avec 15 années d’avance, les archives nationales sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont un rapport avec la guerre d'Algérie  », annonce Roseline Bachelot, qui a les prérogatives sur cette question des archives en sa qualité de ministre de la Culture.

« C'est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. À partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c'est à partir de ce moment-là qu'on peut construire une autre histoire, une réconciliation », ajoute-t-elle en réponse à la question sur les conséquences de sa décision vis-à-vis de ceux qui refusent, notamment en France, l’ouverture de ces archives sur la guerre d’Algérie. « On a des choses à reconstruire avec l'Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité », affirme-t-elle.

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