Macron, Tebboune, l'Histoire et les relations entre l'Algérie et la France

Après une brouille de quelques semaines à la suite des propos du chef l'État français en septembre dernier sur le pouvoir politique algérien, les relations diplomatiques entre l'Algérie et la France commencent à retrouver leur cours normal. Les signes de rapprochement se multiplient ces derniers jours entre Alger et Paris, comme le confirme d'ailleurs ce vendredi 5 février le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra.

Dans un entretien accordé à France 24 et RFI, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a affirmé que les relations entre l'Algérie et la France, qui ont connu un grand coup de froid en septembre dernier, sont aujourd'hui « dans une phase ascendante », tout en affirmant que le chef de l'État algérien Abdelmadjid Tebboune et le président français Emmanuel Macron ont une « excellente relation personnelle ».

Sur les relations entre Alger et Paris

« Ils se téléphonent. Parfois, c'est annoncé, comme la communication du 25 janvier. Parfois non. La communication entre les deux chefs d'État existe, elle est cordiale, confiante, mais elle ne suffit pas pour masquer l'existence de problèmes », affirme Ramtane Lamamra.

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« Nous sommes aujourd'hui dans une phase ascendante, laborieusement ascendante, puisqu'il y a un grand nombre de difficultés dans cette relation bilatérale », ajoute-il en précisant que ces difficultés existent « singulièrement lorsqu'il s'agit, en ce qui nous concerne, de la protection et de la préservation de la sécurité et de la dignité de nos compatriotes en territoire français. C'est un sujet auquel nous sommes particulièrement sensibles ».

Ramtane Lamamra sur le massacre d'Oran

À propos du massacre du 5 juillet à Oran, que le président français a appelé l'Algérie à regarder en face, et donc à reconnaître, Ramtane Lamamra affirme que l'histoire doit être laissée aux historiens. De même, le diplomate algérien appelle à faire cela dans « la sérénité et que cette appropriation par chaque peuple […] de son histoire doit se faire […] sans acrimonie et sans accusations qui ne sont pas forcément avérées ».

À un mois de la commémoration des accords d'Évian, signés le 18 mars 1962, Lamamra demande la « réappropriation de tous les biens immatériels et matériels […] qui ont été déplacés et [que] certaines personnes physiques ou morales se sont appropriés ». Dans ce sens, le ministre algérien des Affaires étrangères évoque le canon algérien « La consulaire » (aussi appelé « Baba Merzoug ») exposé dans le port militaire de Brest, ainsi que des archives et « même quelques crânes de héros de la résistance algérienne » qui seraient gardés, selon Lamamra, dans des musés.

Sur la fermeture de l'espace aérien aux avions militaires française

Interrogé également sur la décision de la fermeture de l'espace aérien algérien aux avions militaires françaises, prise par Alger en riposte aux propos d'Emmanuel Macron sur la nature du pouvoir en Algérie, Ramtane Lamamra, a affirmé que cette décision – qu'il qualifie de « technique » – pourrait bientôt être levée.

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« Il s'agit d'une mesure technique qui n'a pas vocation à durer éternellement. Des ponts de la coopération algéro-française sont en train de se remettre en place. Cette question ne doit pas être traitée comme quelque chose d'éminemment politique ou d'horizon infranchissable », affirme Ramtane Lamamra.

Sur l'expulsion par la France des sans-papiers algériens

À ce propos, Ramtane Lamamra a évoqué la question sensible de l'expulsion par la France des sans-papiers algériens, en affirmant que l'Algérie ne refuse pas d'accueillir ses ressortissants, comme cela a été souvent annoncé par les autorités françaises.

« Il faut que la loi soit appliquée, mais pas de manière sélective et dans le respect de la dignité humaine. Dans la discussion avec les autorités françaises, nous veillerons à ce qu'il n'ait pas de charters et que les gens bénéficient des recours possibles avant qu'ils ne soient reconduits aux frontières », précise-t-il.

« Les autorités algériennes tiennent à ce que ces accords algéro-français soient exécutés de manière convenable. Il est faux de dire que nous refusons de recevoir nos compatriotes qui n'ont rien à faire en France. Quand certains annoncent publiquement qu'il faut faire du chiffre, c'est clair qu'il y a des abus », ajoute le chef de la diplomatie algérienne à propos de cette question qui a d'ailleurs été derrière la décision des autorités françaises de réduire de 50 % le nombre de visas accordée aux Algériens.

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