Entre le Maroc et la Tunisie, c’est la crise. En accueillant le chef du Front Polisario, Ibrahim Ghali, à Tunis, le président Kaïs Saïed a provoqué la colère du Maroc. Considérant cette démarche comme un « acte dangereux et sans précédent », Rabat a immédiatement décidé de rappeler son ambassadeur à Tunis. En réaction à cette décision de Rabat, la Tunisie a également procédé, ce samedi 27 août, au rappel de son représentant diplomatique au Maroc.
En recevant officiellement, vendredi 26 août, le leader du Front Polisario, à Tunis, le président tunisien Kaïs Saïed provoque une tempête diplomatique sans précédent avec le Maroc. En effet, quelques heures après l’arrivée du chef du Sahara occidental à Tunis pour participer au TICAD (le forum de coopération Japon-Afrique), le ministère marocain des Affaires étrangères publie un communiqué annonçant le rappel de l’ambassadeur du Maroc en Tunisie pour « consultation ».
La visite du chef du Polisario à Tunis suscite la colère de Rabat
Le ministère marocain des Affaires étrangères qualifie l’accueil du chef du Polisario par le président tunisien d’un « acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives ». Le ministère marocain des Affaires étrangères critique encore Tunis pour avoir invité « unilatéralement » Brahim Ghali à ce sommet, « contre l'avis du Japon et en violation du processus de préparation ».
Face à « cette attitude hostile et préjudiciable », le Maroc a décidé d'« annuler sa participation au TICAD » et de rappeler « immédiatement pour consultations » son ambassadeur à Tunis, ajoute le communiqué. Le ministère marocain des Affaires étrangères précise toutefois que le rappel de son ambassadeur à Tunis « n'affecte en rien les liens forts et intacts entre les peuples marocain et tunisien, qui sont liés par une histoire commune et un destin partagé ».
Le Maroc, dont les relations diplomatiques avec l’Algérie sont rompues depuis août 2021, se retrouve désormais en conflit avec un autre pays d’Afrique du Nord, à cause du Sahara occidental1. Pour les autorités marocaines, la décision du président tunisien d’accueillir le chef du Polisario constitue un changement radical de la position de la Tunisie sur la question. La Tunisie a en effet toujours affiché une neutralité sur cette question2. « C'est une dérive nouvelle et inacceptable, inutilement provocatrice et qui va à l'encontre de la position traditionnelle de la Tunisie », a commenté à l'AFP une source diplomatique marocaine.
La Tunisie répond aux « accusations » du Maroc
La Tunisie n’est pas restée les bras croisés, puisque moins de 24 heures après la décision du Maroc de rappeler son ambassadeur à Tunis, le gouvernement tunisien a annoncé, ce samedi 27 août, une décision similaire. En effet, le ministère tunisien des Affaires étrangères a exprimé son « profond étonnement face à ce qui a été déclaré dans le communiqué du Royaume du Maroc », évoquant « un préjudice inacceptable » contre la République tunisienne et une « mésinterprétation » concernant la participation du Polisario au sommet du TICAD à Tunis.
Le ministère des Affaires étrangères a souligné que la Tunisie « maintient sa complète neutralité sur la question du Sahara dans le respect de la légitimité internationale, une position ferme qui ne changera pas, tant que les parties concernées n'auront pas trouvé une solution pacifique acceptable pour tous ». Le ministère tunisien des Affaires étrangères a souligné « son attachement aux résolutions des Nations unies et aux résolutions de l'Union africaine, dont la Tunisie est l'un des fondateurs ».
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Il a aussi tenu à affirmer que l’invitation du chef du Polisario à participer au 8e sommet du TICAD a été décidée par l’Union africaine (UA). « Contrairement à ce qui était affirmé dans le communiqué marocain, l'Union africaine, dans un premier temps en tant que participant majeur à l'organisation du TICAD 8, a fait circuler un mémorandum invitant tous les membres de l'Union africaine, y compris le Polisario », explique en effet le communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères.