Sahara occidental : La France soutient le Maroc et risque de perdre l'Algérie

Drapeaux du Maroc et de la France

La France a perdu beaucoup de terrain en Afrique du Nord. L'ancienne puissance coloniale est de plus en plus remplacée par d'autres puissances. Conscients des enjeux, les dirigeants français ont entrepris une offensive sur ces pays pour réchauffer leurs relations dans un premier temps et entreprendre des coopérations pour reprendre leur place dans un deuxième temps. Cependant, cette démarche peut s'avérer problématique étant donné que certaines positions contentent les uns et braquent les autres.

En effet, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s'est exprimée sur un sujet sensible lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue marocain Nasser Bourita à l'issue de leur entretien bilatéral le 16 décembre. Il s'agit de la question du Sahara occidental. Cette ministre a donc réaffirmé la position promarocaine de la France. Une déclaration qui risque de fâcher Alger et de réduire à néant les avancées réalisées entre les deux pays depuis quelques mois.

Ainsi, le lobby pro marocain en France a gagné une bataille. La France se joint à son allié traditionnel. La ministre française l'a affirmé sans aucune ambiguïté : « la position de la France est bien connue du Maroc. J'ai tenu à la rappeler ce matin […] C'est une position qui a le double mérite d'être à la fois claire et constante. Nous soutenons le cessez-le-feu, nous soutenons les efforts de l'envoyé personnel du SG de l'ONU et nous souhaitons la reprise des négociations entre les parties en vue d'une solution juste et réaliste. Dans ce cadre, nous avons mesuré les années passées avec constance la position de la France aux Nations unies, en particulier pour le renouvellement du mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, NDLR), a été je crois pouvoir le dire appréciée du Maroc ».

La France dit oui au Maroc et dit non à l'Algérie

Le Quai d'Orsay veut donc lever les  équivoques. À la question concernant le dossier du Sahara occidental ,Catherine Colonna va plus loin. Elle répond : « et si votre question porte sur le plan d'autonomie proposé par le Maroc, il y a quelques années […] notre position est parfaitement connue de notre partenaire et ami marocain. C'est une position dont je peux dire qu'elle est favorable au Maroc, nous l'avons démontré en particulier aux Nations unies, même lorsque nous étions un peu seuls à vouloir faire progresser quelques idées. Donc nous ne changeons pas et le Maroc sait qu'il peut compter sur l'appui de la France. En particulier dans un moment où les tensions sont revenues et quelques entorses au cessez-le-feu ont été constatées. Il faut donner clairement cette direction. Nous le faisons et nous le répétons. J'ai tenu à le répéter aujourd'hui ».

La France soutient donc le Maroc. Un soutien qui risque de déclencher les foudres d'Alger comme se fut le cas lors du changement de position du gouvernement espagnol. Depuis l'annonce du soutien de l'Espagne au plan marocain, l'Algérie a gelé le traité d'amitié qui lie les deux pays1. Pour la France, qui a réussi à réchauffer ses relations avec l'Algérie depuis quelques mois2, les conséquences de ce soutien peuvent s'avérer graves. En effet, l'Algérie ne badine pas avec la question du Sahara occidental et le fait savoir.

La France se plie donc aux exigences du roi du Maroc qui a adressé un message en août dernier sommant les partenaires du royaume à clarifier leurs positions par rapport à la question du Sahara occidental. En disant oui au Maroc, la France dit non à l'Algérie. Une situation qui pourrait être à l'origine d'une nouvelle crise entre Paris et Alger.


  1. Crise diplomatique : L'Algérie suspend le traité d'amitié avec l'Espagne 

  2. Quelle conclusion tirer de la visite du président Emmanuel Macron en Algérie ? 

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