Pour des propos jugés « très graves au sujet des musulmans de France », l'écrivain Michel Houellebecq risque des poursuites judiciaires à la suite d'une plainte déposée à son encontre par la Grande mosquée de Paris. Cette institution religieuse a pointé du doigt, dans un communiqué signé par le recteur Chems-Eddine Hafiz, plusieurs extraits d'un entretien en novembre dernier entre le romancier et le fondateur de la revue Front populaire, le philosophe Michel Onfray, qu'elle juge « inacceptables ».
« Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n'est pas que les musulmans s'assimilent, mais qu'ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien – autre solution – qu'ils s'en aillent », avait-il notamment déclaré. « Des gens s'arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l'envers », a encore ajouté l'écrivain. Des propos qualifiés « d'une brutalité sidérante » par la Grande mosquée de Paris, qui affirme avoir déposé plainte contre l'écrivain « devant le procureur de la République de Paris pour provocation à la haine contre les musulmans ».
𝐂𝐎𝐌𝐌𝐔𝐍𝐈𝐐𝐔𝐄 | La Grande Mosquée de Paris porte plainte contre Michel Houellebecq pour les propos très graves qu'il a tenu au sujet des musulmans de France dans une récente interview écrite : pic.twitter.com/JS4NwLM2R8
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) December 28, 2022
« Michel Houellebecq affirme que les musulmans ne sont pas de vrais Français. Les musulmans lui donnent rendez-vous devant le tribunal correctionnel pour lui opposer ce que dit le droit », a affirmé de son côté le recteur de la Grande mosquée. Dans son communiqué, l'institution a rappelé la récente condamnation du politicien Éric Zemmour par la Cour européenne des droits de l'homme et débouté le 20 décembre dernier par la juridiction internationale pour avoir contesté une condamnation pour des propos visant les musulmans, tenus en 2016.
L'année 2022 n'a pas été « facile » pour les musulmans de l'Hexagone. Dans son rapport publié le 21 septembre de la même année, l'Institut Leopold Weiss, basé en Autriche, avait particulièrement fustigé la « loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République » qui aurait « provoqué une violente répression à l'encontre de la visibilité et de l'organisation musulmane ». Aussi, selon des données recoupées ici et là, ils sont près de 60 % à se dire ne pas « se sentir chez eux », allusion faite au nombre croissant des musulmans dans le pays. De plus, la politique française gravite désormais autour de ce sujet : les figures de l'extrême droite – comme Éric Zemmour et Marine Le Pen – ainsi que les politiciens de gauche ont fait du discours antimusulman ou de la lutte contre l'islamophobie un fonds de commerce et un moyen de toucher un nouvel électorat.