L'affaire du chantage du Roi Mohammed VI devant le tribunal à Paris

Photo du roi Mohammed VI du Maroc

L'affaire qui a défrayé la chronique depuis 2015 devrait enfin connaître son épilogue. Il s'agit de l'affaire de deux journalistes français accusés d'avoir fait du chantage au roi Mohammed VI. Pour certains, cette affaire est juste un accord financier émanant du Maroc – pour d'autres, il s'agit d'un chantage de la part des journalistes français.

Ainsi, ces deux journalistes français seront jugés le lundi 16 janvier à Paris. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu obtenir 2 millions d'euros en 2015 contre l'abandon de la publication d'un livre explosif sur le roi Mohammed VI. Cette affaire, longtemps médiatisée, est considérée comme surréaliste pour de nombreux observateurs.

Les deux journalistes français Éric Laurent et Catherine Graciet, qui sont auteurs en 2012 de l'ouvrage « Le roi prédateur », interdit au Maroc, avaient signé un nouveau contrat d'édition avec Le Seuil pour un livre sur le même sujet. Le 23 juillet 2015, Éric Laurent contacte le secrétariat particulier du roi du Maroc en vue d'obtenir un rendez-vous, finalement organisé le 11 août avec un émissaire de la monarchie, l'avocat Hicham Naciri, au bar d'un palace parisien. C'est cette rencontre qui est au cœur de cette affaire rocambolesque ; Éric Laurent y avait annoncé la publication prévue début 2016 du livre, contenant des informations embarrassantes pour la monarchie marocaine.

Les journalistes français dénoncent un traquenard

À partir de là, deux versions des faits existent. Le journaliste a affirmé que c'est l'émissaire de la monarchie, l'avocat Hicham Naciri, qui lui propose un accord financier en vue de la non-publication de l'ouvrage. De son côté, le Maroc assure que la proposition émanait du journaliste, qui réclamait 3 millions d'euros.

Après cette rencontre, le Maroc a porté plainte, ce qui a amené à l'ouverture d'une enquête. La Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) se mêle de cette affaire lors d'un autre rendez-vous entre l'émissaire et Éric Laurent, qui a lieu le 21 août dans le même hôtel. Les deux journalistes signent alors un accord financier à hauteur de 2 millions d'euros pour retirer le projet de livre, avant d'être interpellés avec deux enveloppes contenant chacune 40'000 euros en liquide.

Ces deux journalistes comprendront plus tard qu'ils étaient piégés. Les 3 rencontres étaient enregistrées. Cependant, ces enregistrements comprennent de nombreux passages inaudibles. C'est ce détail qui est à la base d'une controverse. Pour les avocats des journalistes, les enregistrements ont été trafiqués par les services marocains.

Ces deux journalistes ont reconnu pendant l'instruction avoir accepté un contrat pour se « défaire » du livre, dont les conséquences géopolitiques les « inquiétaient », mais ils ont contesté toute menace et tout chantage. L'avocat de la journaliste Catherine Graciet a estimé que sa cliente « n'a pas exercé le moindre chantage dans cette affaire et elle considère avoir été victime d'un traquenard en bonne et due forme ». De son côté, Maitre Serge Portelli, avocate d'Éric Laurent, considère que « les deux prévenus sont tombés dans un piège, un traquenard tendu par les services marocains ».

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