Le Parlement européen ajourne toutes ses missions au Maroc

Maroc Gate

Signe du malaise qui s’installe entre le Maroc et Parlement européen à la suite de l’affaire du « Marocgate », l’institution européenne a décidé de reporter  tous les voyages prévus dans le pays au cours des 6 premiers mois de cette année, l’objectif étant d'éviter de nouvelles ingérences.

Les voyages de délégations et commissions parlementaires au Maroc ont été remis en question après des révélations de corruption visant à influencer les décisions du Parlement européen1, rapportent en effet plusieurs médias citant des sources parlementaires européennes.

Ainsi, la réunion de la direction de l'assemblée parlementaire de l'Union pour la Méditerranée à Rabat, ainsi que celle de la commission de l'Énergie devant se tenir ce mois de janvier n'ont pas eu lieu. Une autre réunion de la commission parlementaire mixte Maroc-UE, qui devrait se tenir en février, a également été annulée, précise l'agence de presse EFE.

Ce n’est pas tout : Le Parlement européen a également décidé d’annuler deux réunions de l'assemblée parlementaire de l'Union pour la Méditerranée à Rabat en février et mars, ainsi qu'un sommet et une session plénière du PE prévus en mai prochain. Dans le même contexte, il a été décidé d’ajourner un autre voyage prévu en juin prochain par la Commission des libertés civiles, au cours duquel il était prévu « d'explorer la coopération UE-Maroc en matière de migration et de surveillance des frontières, en particulier pour la lutte contre la migration irrégulière ».

« Toutes ces missions avaient été initialement autorisées par la direction du Parlement européen, mais la présidente de l'institution, Roberta Metsola, a exhorté les dirigeants des groupes à reconsidérer les déplacements dans cette région, sauf ceux aux forums internationaux ou engagements similaires », rappelle-t-on.

Un porte-parole de la présidente à EFE a, de son côté, affirmé qu’il y avait un consensus tacite au sein de la Conférence des présidents – qui réunit Metsola avec les dirigeants des groupes politiques – pour réévaluer tous les voyages dans ce pays.

Le magasine Der Spiegel enfonce le Maroc

Rappelons qu'une enquête judiciaire déclenchée par le parquet fédéral belge en décembre dernier a révélé l’implication du Maroc dans un scandale de corruption qui a touché l'institution afin d'influencer les décisions de l'hémicycle européen2. De nouvelles révélations du journal allemand Der Spiegel mettent d’ailleurs en évidence des accointances entre le chef des renseignements du Maroc et des eurodéputés.

« Le chef des services de renseignement marocains (DGED), Yassine Mansouri lui-même, aurait été directement impliqué dans la tentative d'influencer les parlementaires européens », rapporte Der Spiegel3. Selon le journal allemand, le responsable marocain a, selon les preuves recueillies par les enquêteurs belges, « rencontré l'eurodéputé Andrea Cozzolino, qui ferait également partie du réseau de Panzeri ».

Der Spiegel s’appuyait dans ses révélations sur les 1300 documents internes permettant une reconstitution détaillée de l'enquête, consultés par les enquêteurs belges. Ces preuves attesteraient que le réseau de l'ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri travaillait secrètement pour influencer les institutions de l'Union européenne, en particulier le Parlement européen, au profit du Maroc.


  1. Marocgate et corruption des instances européennes : comment fonctionne le lobbying marocain 

  2. Corruption au Parlement européen : Le Maroc cité 

  3. Inside the European Parliament Corruption Scandal, Der Spiegel 

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