Le chef de l’État français Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 16 février, mettre fin au Conseil français du culte musulman (CFCM). Miné par des dissensions internes et accusé d’être sous l’influence de plusieurs États, la page du CFCM est donc définitivement tournée, après 20 ans d’existence.
Le concept « Islam de France » revient avec insistance ces dernières années chez les Français. Que ce soit chez des responsables ou des partis politiques, toutes tendances, la France doit, selon eux, avoir une mainmise sur la gestion du culte musulman et l’éloigner surtout de l’influence des États étrangers. Pour ce faire, le chef de l’État Emmanuel Macron ne cesse de prendre des décisions concernant la question de la gestion de l’Islam en France.
En recevant, jeudi 16 février à l’Élysée, les membres du Forum de l'islam de France (Forif), nouvel espace de discussion lancé une année auparavant, Emmanuel Macron a déclaré avoir « décidé de mettre fin au Conseil français du culte musulman » (CFCM), instance de dialogue qui existe depuis 2003. « Les précédentes instances présentaient des limites que j'ai déjà eu l'occasion de nommer. Il y avait un dialogue qui a existé, il y a eu de vraies avancées. Je ne veux pas sous-estimer ce qui avait été fait avec le CFCM », a indiqué le chef de l'État français.
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« Mais l’État discutait bien souvent aussi avec d’autres États, dans le cadre d’une forme de rémanence, pas simplement diplomatique, mais qui embarquait aussi toute une histoire dont il fallait progressivement sortir », a-t-il poursuivi, ajoutant : « c'est pourquoi nous avons décidé de mettre fin au CFCM. De manière très claire. Et à son activité ». Emmanuel Macron a appelé à « redoubler d’efforts » pour « sortir des interférences, souvent étrangères », qui nuisent, selon lui, au « développement d’un islam des Lumières en France ».
Le CFCM sera-t-il dissout ?
Fondé en 2003, lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, le CFCM, composé de fédérations musulmanes rattachées aux pays d’origine, notamment l’Algérie, le Maroc, et Turquie, a connu ces dernières années plusieurs différends internes. En décembre 2021, le gouvernement français a décidé de lâcher le CFCM. Ce dernier a perdu définitivement son rôle de représentant officiel de l’Islam en France. Un rôle qui est désormais confié au Forum de l'islam de France (Forif), un nouvel espace de discussion lancé en février 2022.
En réaction à la décision du président Emmanuel Macron, le co-président du CFCM par intérim, Ibrahim Alci, invité à la rencontre de l'Élysée, a affirmé aux médias qu’ « un CFCM ça ne se dissout pas comme ça ». Le conseil d'administration « va se réunir » et « s'il veut dissoudre, ça se dissoudra », a-t-il dit, précisant que cela serait alors un processus « démocratique ». Il a évoqué la possibilité d'une « renaissance du CFCM, différemment », via « une autre association, une autre organisation », mais n'a pas donné de détails.