Hommage à Gisèle Halimi : Pourquoi l'un de ses fils n'y participe pas ?  

Le président français Emmanuel Macron s'est enfin décidé de rendre hommage à la célèbre avocate Gisèle Halimi, militante féministe décédée en 2020, après l'avoir annulé une première fois quelques mois après la disparition de la militante féministe.

L'Élysée avait en effet annoncé qu'un hommage « national » serait rendu à Gisèle Halimi au Palais de justice de Paris, le mercredi 8 mars 2023, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes. Mais ce sera sans l'un des fils de Gisèle Halimi.

Le journaliste Serge Halimi n'y assistera pas, selon plusieurs médias qui ont rapporté l'information le dimanche 5 mars. La raison ? Il y en aurait même beaucoup. Serge Halimi, connu également pour avoir été, pendant de longues années, directeur du Monde diplomatique, n'apprécie pas le fait qu'il soit « subitement informé ». Il assure avoir été informé de l'hommage – à sa mère – « en même temps que la presse ». « Je n'y participerai pas », a-t-il tranché.

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Autre raison invoquée par le fils de Gisèle Halimi : la décision de l'Élysée qui « intervient après plus de 2 ans de tergiversations et alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes ». « Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés. Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d'honorer sa mémoire et ses combats », a encore soutenu le journaliste dans sa déclaration transmise à l'AFP. Il dit aussi refuser « l'instrumentalisation » de l'hommage à Gisèle Halimi voulu par Emmanuel Macron.

Hommage à Gisèle Halimi : La démarche de Macron vivement critiquée

Serge Halimi n'est pas le seul à ne pas critiquer (du moins la manière) de l'hommage annoncé par l'Elysée à Gisèle Halimi. L'initiative du président français a été vivement critiquée par Violaine Lucas, la présidente de l'association « Choisir la cause des femmes », fondée par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir en 1971.

Cette dernière n'approuve en aucun cas que l'hommage soit organisé en pleine contestation contre la réforme des retraites. Pour elle, cela est un projet tout simplement « injuste » pour les femmes qui  relève d'une « instrumentalisation politique ». L'association annonce ainsi qu'elle « ne participera pas » à une cérémonie précipitée et au rabais ».

« Gisèle Halimi aurait, sans aucun doute possible, pris une part active » à la contestation de la réforme et l'association qu'elle a fondée refuse donc de servir de caution féministe», a écrit Violaine Lucas à Emmanuel Macron, selon une copie de son courrier transmis à l'AFP.

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Gisèle Halimi, l'avocate du FLN pendant la Guerre d'Algérie

Avocate, femme politique et écrivaine, Gisèle Halimi, née le 27 juillet 1927 à La Goulette en Tunisie et décédée le 28 juillet 2020 à 93 ans, a fait de sa vie non seulement un combat pour le droit des femmes, mais et aussi pour la défense des causes justes.

Les Algériens la connaissent pour avoir été une des ferventes défenseuses de la cause nationale lors de la guerre de libération de l'Algérie à partir des années 1950. Elle avait défendu notamment, en 1960, Djamila Boupacha, militante du FLN, arrêtée, torturée puis violée en détention par des soldats français, à qui elle a consacré une œuvre biographique. Aux côtés de Simone de Beauvoir, elle médiatise ce procès afin de mettre en lumière les méthodes de l'armée française au moment de la guerre d'Algérie.

Parallèlement à sa carrière d'avocate, Gisèlme Halimi a mené une carrière d'écrivain. Parmi sa quinzaine de titres figurent Djamila Boupacha (1962) et une œuvre plus intimiste comme Fritna (1999), sur sa mère. Mère de trois garçons, dont Serge Halimi, elle a confié qu'elle aurait aimé avoir une fille pour « mettre à l'épreuve » son engagement féministe.

En 1972, lors d'un procès retentissant, elle obtint la relaxe d'une mineure accusée d'avoir avorté après avoir été victime d'un viol, ouvrant la voie à la dépénalisation de l'avortement, début 1975. Élue députée en 1981, elle poursuivit le combat à l'Assemblée nationale, cette fois pour le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982.

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