Pourquoi l'appréciation du dinar algérien n'a pas freiné l'inflation ?

Liasses de billets en dinar algérien

L'inflation mondiale a connu une hausse conséquente depuis le début de la guerre en Ukraine. L'Algérie est durement impactée par cette tendance inflationniste et les prix des produits alimentaires ont explosé. Le taux d'inflation s’est établi en janvier 2023 à 9,3 % sur un an. Ce taux d'inflation révèle que l'appréciation du dinar n'a eu qu'un effet limité. Ce levier, activé par le gouvernement, s'avère donc insuffisant ou carrément inefficace.

En effet, selon de nombreux spécialistes dans le domaine de l'économie et de la finance, une approche globale sur le phénomène inflationniste est nécessaire. Ainsi, pour les autorités monétaires, une appréciation du TCEN (taux de change effectif nominal et réel)  permet de réduire les tensions inflationnistes. Un choix moins difficile que celui  qu’un resserrement de la politique monétaire, puisque ce dernier ne pouvait se faire, vu son impact négatif sur la croissance post-Covid et la demande de crédit du secteur privé qui restait atone.

Cependant, cette stratégie s'avère inefficace pour plusieurs raisons. Premièrement, l’inflation en Algérie, pays pétrolier, est le résultat de facteurs macroéconomiques (la masse monétaire, les prix des biens importés et les prix du pétrole sont les moteurs de l’inflation à court terme tandis que la masse monétaire et le PIB réel non pétrolier sont de loin les facteurs clés des variations de prix à long terme). Cette inflation dépend aussi de facteurs externes (taux de change, prix à l’importation) qui ne contribuent qu’à concurrence de 1/3 à l’inflation globale. Elle est aussi structurelle et dépend de facteurs temporaires (sècheresse ou autres chocs exogènes).

Les solutions préconisées pour lutter contre l'inflation

Deuxièmement, les distorsions de prix qui répriment l’inflation, dont les subventions directes et indirectes et le régime des prix et des marges règlementés de certains produits et services. La troisième raison consiste en une perte de compétitivité extérieure pénalisant la politique de promotion des exportations.

Ainsi, malgré la stratégie du gouvernement, l’inflation a atteint un niveau jamais atteint depuis 25 ans. En ce début d'année, elle est de 9,3 %. Cette inflation a touché la plupart des composants de l’indice des prix à la consommation, notamment les produits alimentaires. Pour lutter efficacement contre l’inflation, les spécialistes préconisent d'écarter l’appréciation du dinar comme levier de désinflation qui n’est pas efficace.

Ces spécialistes conseillent d'aller vers un mix macroéconomique qui aura pour objectif de reprendre le contrôle de l’inflation (relèvement du taux directeur de la banque centrale, calibrer la gestion de la liquidité pour améliorer la transmission de la politique monétaire, renforcer la gouvernance de la BA) pour qu’elle puisse se concentrer sur la stabilité des prix. Ce mix devra également restaurer progressivement la viabilité des finances publiques, avec la mise en place d’un cadre budgétaire à moyen terme et des réformes touchant les recettes, les dépenses courantes, les dépenses en capital et la diversification des sources de financement.

Les spécialistes préconisent également de mettre en place des politiques structurelles pour assoir une croissance diversifiée et inclusive en s’appuyant sur les nouveaux textes législatifs. Il s'agit du nouveau code des investissements et des lois relatives à l’auto-entrepreneuriat et aux énergies renouvelables afin de créer un environnement plus propice à l’activité du secteur privé. Il faut également mettre en place une plus grande ouverture commerciale, un renforcement de la compétitivité, notamment par le biais de réformes des marchés des produits et du travail ; et surtout un renforcement de la gouvernance, y compris une meilleure disponibilité des statiques macroéconomiques.

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