Carte de séjour : Un Algérien licencié par Renault après 29 ans de travail

photo : carte de séjour en France

Encore une histoire d’un ressortissant algérien qui se retrouve en situation irrégulière après des dizaines d’années de résidence et de travail en France. Il s’agit de l’histoire de M’Hamed, arrivé en France il y a 50 ans et employé de Renault depuis 29 ans, qui se retrouve licencié à cause de sa carte de séjour non renouvelée.

Arrivé en France en 1973, à l’âge de 3 ans, M’Hamed, qui a fait toute sa scolarité dans ce pays, a rejoint l’usine Renault à Lyon il y a 29 ans. « Aujourd’hui ils veulent me licencier pour une histoire de fous », témoigne cet Algérien de 53 ans et père de trois filles au micro de la radio Europe 1. L’usine Renault de Lyon a décidé en fait de licencier M’Hamed à cause de sa carte de séjour non renouvelée par la préfecture du Rhône, explique-t-il.

« Je renouvelais ma carte chaque 10 ans, mais depuis 5 ou 6 ans on me donne juste des récépissés et je ne comprends pas pourquoi », ajoute-t-il au micro de l’émission « Libre antenne » animée par Olivier Delacroix. Quand le récépissé de 6 mois arrive à terme, son entreprise lui demande de régulariser sa situation, et M’Hamed se retrouve à chaque fois contraint de « faire la queue à 3 heures du matin » devant la préfecture du Rhône.

« Je suis résident en France depuis 50 ans », témoigne M’Hamed

Le cauchemar de M’Hamed a commencé en mars dernier, lorsqu’il devait reprendre son travail chez Renault après 3 ans d’arrêt à cause de la crise sanitaire. « En retournant au travail début mars on me dit : on vous licencie sans aucune contrepartie. J’ai reçu le choc de ma vie », avoue-t-il. « J’ai travaillé durant 30 ans chez Renault. J’ai éduqué mes filles grâce à Renault, et on me convoque au bureau de la DRH pour me dire qu’ils ne peuvent pas me garder, car je ne dispose pas d’une carte de séjour », s’offusque ce père algérien.

« Je leur ai répondu que moi je suis résident en France depuis 50 ans et que j’ai gardé ma nationalité algérienne parce que je suis élevé par un grand-père qui était un ancien du FLN et qu’il n’y avait pas raison que je change de nationalité parce que j’étais bien » se justifie M’Hamed. Il dit que c’est grâce à son « petit salaire » durant 29 ans chez Renault qu’il a réussi à payer les frais des études de ses trois filles en France.

Le combat de M’Hamed pour sa carte de séjour et son poste de travail

Mais depuis mars dernier, M’Hamed n’est plus salarié chez l’usine automobile. Il a reçu la lettre de licenciement et se retrouve désormais au chômage et en situation irrégulière. M’Hamed dit qu’il est face à un double combat. Il doit  lutter pour ses droits avec Renault, mais aussi pour sa carte de séjour avec la Préfecture. Pour cela, M’Hamed affirme qu’il doit prendre un avocat pour chaque affaire, alors qu’il ne dispose par de moyens financiers, selon ses dires.

« Je n’ai plus d’argent. J’ai vendu ma maison à cause de cette affaire », révèle-t-il. « J’ai vécu grâce à Renault et je les remercie. La France m’a tout donné. Elle m’a éduqué, soigné et m’a fait travailler. Je n’en veux pas à la France, mais j’en veux seulement à ces responsables de Renault lesquels au lieu de trouver une solution à mon problème décident de me licencier », se désole le quinquagénaire algérien.

Dans son témoignage M’Hamed avoue qu’il n’a aucun moyen pour poursuivre la préfecture du Rhône à propos du non-renouvellement de sa carte de séjour. Dans son témoignage sur Europe 1, M’Hamed a également adressé des critiques aux autorités algériennes qui ne sont pas venues à son aide, via leur consulat à Lyon. « Je suis entre le marteau et l’enclume » se désole M’Hamed d’une voix triste.

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