Le vote par le Parlement européen d'une résolution très critique envers l'Algérie est le prélude d'une nouvelle crise diplomatique. En Algérie, les réactions se succèdent pour notamment condamner cette résolution. Des institutions, des partis politiques et des associations ont dénoncé « l'ingérence » du Parlement européen dans des affaires « internes ». La dernière réaction en date est celle du deuxième homme de l'État et président du Sénat.

En effet, Salah Goudjil a été virulent concernant cette résolution. Il a même promis que l'Algérie repondra avec vigueur. « Nous n'allons pas nous taire concernant le parlement européen, parce que c'est une ingérence dans les affaires internes de l'Algérie », a-t-il déclaré. Cette résolution parvient à quelques jours de la visite prévue d'Abdelmadjid Tebboune en France. Une visite dont la date n'est pas encore officiellement fixée et qui serait remise en cause, selon certains observateurs.

L'Algérie est donc en colère. Une colère qui pourra atteindre les relations avec la France qui est restée silencieuse sur cette résolution. Préférant ne pas ajouter d'huile sur le feu, les politiciens et les médias dans l'Hexagone ont observé le silence. Cependant, les eurodéputés français ont voté cette résolution et cela n'est pas passé inaperçu en Algérie. Les députés du parti du président Emmanuel Macron, Renaissance, font partie de ceux qui ont épinglé l'Algérie.

Ce vote pourrait donc avoir des conséquences sur les relations bilatérales entre l'Algérie et la France. Toutefois, les Français ont adopté jusque-là une posture faite de silence et de discrétion. Certains médias ont affirmé que « l’idée que ce soit des députés du parti présidentiel qui auraient été principalement auteurs de cette résolution est tout à fait fallacieuse ». Ces médias assurent que « la résolution a été mise à l’agenda de la plénière – après avoir déjà été repoussée une première fois – à la demande du groupe S & D (groupe dont la présidence est assurée par une députée espagnole, Iratxe Garcia Perez, PSO), soutenu par les Verts et la gauche »1. « Lors du débat sur la résolution, aucun député français n’a pris la parole dans l’hémicycle et le texte a ensuite été adopté à la quasi-unanimité de la plénière, avec les voix des eurodéputés italiens notamment, et sans amendement », expliquent ces médias.

C'est là une manière de dédouaner les eurodéputés marconistes de leur responsabilité dans cette résolution. C'est également un message adressé à l'Algérie pour que les relations ne sombrent pas dans une nouvelle crise. Il faut dire qu'officiellement, les autorités françaises n'ont pas commenté cette résolution. Toutefois , il n'est pas à exclure que ces autorités s'en désengagent pour ne pas contrarier Alger.


  1. France-Algérie : nuages sombres et coups de tonnerre sur la « dynamique bilatérale », Le Point