L'Algérie et le Maroc se disputent la paternité du caftan à l'UNESCO

Photo d'une fille portant un caftan vendu au Maroc

Le caftan, cette tenue traditionnelle féminine, est présent en Algérie et au Maroc. Ce patrimoine vestimentaire vieux de plusieurs siècles est aujourd’hui au cœur d’une polémique entre les autorités culturelles des deux pays voisins. Le conflit diplomatique entre le Maroc et l’Algérie exacerbe davantage les choses, poussant les deux pays à se livrer une bataille auprès de l’UNESCO pour la paternité du caftan.

Le conflit politique entre l’Algérie et le Maroc, qui s’est accentué durant l’été 2021 avec la rupture des relations diplomatiques, a atteint plusieurs domaines entre les deux États. C’est surtout la question du patrimoine matériel et immatériel, que les deux peuples voisins partagent depuis des siècles, qui revient souvent au-devant de la scène.

Après l’affaire de la musique raï, que l’UNESCO a reconnue comme patrimoine algérien, et l’épisode récent du zellige algérien, que le Maroc veut s’approprier comme patrimoine local, les deux pays sont à nouveau au centre d’une polémique concernant un élément culturel.

Alors que l’Algérie a demandé officiellement en avril dernier, par le biais du ministre de la Culture, l’inscription de la « Gandoura » et la « Mlehfa », deux tenues traditionnelles féminines de l'Est, au patrimoine de l'UNESCO, les autorités marocaines ont décidé de répliquer à la demande algérienne. Du côté marocain, on exprime de l'indignation quant à une supposée présence du caftan « marocain » dans le dossier d’inscription algérien de la Gandoura et de la Mlehfa à l’UNESCO.

Le Maroc s'oppose au dossier algérien à l’UNESCO sur le caftan

Selon le site marocain Media 24, la délégation permanente du Maroc auprès de l’UNESCO, saisie par les ministères de la Culture et des Affaires étrangères, s’apprête à entamer des procédures pour « protester et s’opposer » à « l’inclusion d’un caftan de Fès » dans une demande algérienne d’inscription de « costumes féminins de cérémonie » auprès de l’UNESCO.

Il s’agit bien entendu de le Gandoura et de la Mlehfa, que les Marocains considèrent comme leur patrimoine local, sous l’appellation caftan. « Curieusement dans la partie consacrée à l’Est algérien, figure un caftan de Fès », écrit le site marocain. Et d’illustrer l’article avec une photo du présumé « caftan » présenté dans le dossier algérien déposé à l’UNESCO. Le site marocain a également présenté une deuxième photo de ce qu’il considère comme le « caftan originel » marocain.

L’Algérie « prête à défendre » son dossier sur le caftan à l’UNESCO

Les deux photos figureraient dans le dossier marocain consacré au caftan et déposé il y a deux mois auprès de l’UNESCO, ajoute la même source. Selon le directeur du patrimoine au ministère marocain de la Culture et de la Communication, « les nombreux types de caftans marocains propres à chaque région du Royaume (Oriental, Fès, Rabat, Marrakech), mais aussi amazighs et juifs ne peuvent pas être confondus avec d’autres pays qui n’utilisent pas les mêmes techniques de fabrication ». Une allusion directe à la Gandoura et la Mlehfa inscrites dans le dossier algérien à l’UNESCO.

Du côté du ministère algérien de la Culture, on n’est pas surpris par l’emballement des autorités marocaines sur la paternité du caftan. « Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à ce genre de choses », affirme Said Hammoudi, conseiller de la ministre de la Culture Sabrina Mouloudji, dans une déclaration au site TSA. « Dans le cas où il y a une procédure à l’UNESCO, l’Algérie disposera des dossiers et des arguments solides pour répondre », a-t-il ajouté sans plus de détails.

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