Le dernier bilan du puissant séisme qui a frappé le Maroc vendredi soir s'établissait, lundi soir, à 2862 morts et 2562 blessés. Les dégâts matériels sont colossaux. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé, ce 12 septembre, un appel de fonds d'environ 100 millions d'euros pour soutenir les opérations de secours au Maroc.
Ce chiffre reflète les besoins du royaume et la nécessité d'une aide internationale pour faire face à cette tragédie. Actuellement, 300'000 personnes sont sans abris et dorment dans la rue. Le royaume ne pourra pas faire face seul aux conséquences de ce tremblement de terre dévastateur. Cependant, voilà que le Maroc n'a décidé de ne faire appel qu'au secours de quatre pays ; l'Espagne, le Qatar, les Émirats arabes unis et la Grande-Bretagne.
La France, qui a été parmi les premiers pays à proposer son aide, n'a pas reçu de réponse favorable de la part du Royaume chérifien. Cette situation a fait couler beaucoup d'encre. En France, d'abord, où de nombreux observateurs s'interrogent sur les motivations de ce refus. Un début de polémique est né, poussant Catherine Colonna, la cheffe de la diplomatie française, à réagir. Pour la ministre française des Affaires étrangères, « c'est une mauvaise querelle, une querelle tout à fait déplacée ». Elle a affirmé que « le Maroc n'a refusé aucune aide, aucune proposition », ajoutant que « le Maroc est souverain »1 et qu'Emmanuel Macron « a échangé à plusieurs reprises » avec le roi du Maroc.
Entre la France et le Maroc, rien ne va
Cependant, cette déclaration ne rassure pas. Au contraire ; elle relance le débat sur la situation des relations franco-marocaines. Les observateurs politiques sont nombreux à affirmer que le refus marocain est révélateur de la profondeur de la crise politique entre les deux pays. La situation de ces relations est donc grave.
L'historien et professeur à l'université de la Sorbonne Pierre Vermeren considère la non-réponse marocaine à l'offre française comme un « signe politique clair » du froid entre les deux pays. Il ajoute que « ce qui se joue aussi, c'est le fait que le Maroc ne veut plus apparaître comme l'ancien territoire dépendant de la France qu'il a été à l'époque coloniale ». L'historien voit dans l'absence de réponse « la patte de la diplomatie de Mohammed VI, une diplomatie assez brutale dont on comprend assez facilement les tenants, les aboutissants et les objectifs ».
Il faut dire que concrètement, les relations entre Paris et Rabat sont au point mort. Plusieurs dossiers empêchent les deux pays d'aller vers l'apaisement, malgré les nombreuses déclarations de bonnes intentions de la France.
Séisme : Pourquoi le Maroc refuse-t-il l'aide des autres pays ?, 10 septembre 2023, ObservAlgérie ↩
