Depuis qu'il s'est débarrassé de l'obligation de réserve, l'ancien ambassadeur de France en Algérie est très présent pour commenter l'actualité relative au pays. Xavier Driencourt est devenu « spécialiste » de l'Algérie. Ses récentes déclarations sur l'Accord de 1968 et l'immigration confirment son hostilité à l'Algérie qu'il fustige à chaque occasion.
Le diplomate est en effet proche des thèses de la droite et de l'extrême droite française en ce qui concerne les questions de société, de l'immigration et aussi des relations avec l'Algérie. Invité pour donner une conférence sur le thème « l'énigme algérienne », l'invité de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques s'est confié au journal Nice-Matin sur les relations algéro-françaises1.
S'exprimant sur le thème de la conférence, l'ancien diplomate justifie son choix par le fait que la France ait colonisé l’Algérie pendant 132 ans sans vraiment connaître ce pays. « L’Algérie reste un pays énigmatique, fermé, opaque, mystérieux. Nous manquons cruellement de capteurs. En raison de l’importante diaspora algérienne en France, les Algériens nous connaissent beaucoup mieux. Quant aux relations économiques que nous entretenons avec Alger2, la Chine nous a dépassés et nous sommes aujourd’hui à égalité avec l’Italie, l’Espagne ou encore l’Allemagne », indique le diplomate.
Revenant sur les relations entre les deux pays, le diplomate souligne qu'« il existe une constante dans les relations franco-algériennes que je décris comme un phénomène de type CAC 40, avec une alternance de périodes haussières et de périodes baissières. La relation entre nos deux pays est une sinusoïdale : on se fâche, puis on se réconcilie ». Cependant, il affirme que « depuis quelque temps, force est de constater que la tendance baissière l’emporte. Encore tout dernièrement, Alger a décidé d’interdire l’enseignement du français dans les écoles privées qui permettaient de préparer des études supérieures en France ».
« Il faut instaurer un rapport de force avec l'Algérie »
Le diplomate accuse également Alger indirectement d'ingérence dans les affaires françaises. Il déclare, en effet, qu'« en juin dernier, l’Algérie avait, d’une certaine façon, soutenu les émeutiers en France et elle a réintroduit un couplet anti-France dans son hymne national ». Xavier Driencourt n'est pas allé de main morte quant à la stratégie à adopter avec l'Algérie. Pour lui, « si l’on veut que cela change, il faut instaurer un rapport de force avec l’Algérie ». Il est également revenu sur l'accord de 1968 entre les deux pays en exprimant sa fierté d'être le premier à soulever à avoir réclamer son annulation.
« C’est même moi qui, le premier en mai dernier, ai lancé l’idée dans une note écrite pour la Fondation pour l’innovation politique (il parle de l'annulation de l'Accord de 1968, NDLR). Cette idée a ensuite été reprise par Édouard Philippe, Éric Ciotti, Manuel Valls, Éric Zemmour ou encore Jordan Bardella », affirme le diplomate qui a servi par deux fois d'ambassadeur de France en Algérie, la première fois de 2008 à 2012, et la deuxième de 2017 à 2020.
"Il faut instaurer un rapport de force avec l’Algérie", préconise l'ancien ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt, 27 septembre 2023, Nice-Matin ↩
Algérie-France : Hausse spectaculaire des échanges commerciaux au 1er semestre 2023, 13 septembre 2023, ObservAlgérie ↩