Entre le Maroc et la France, les relations sont quasiment au point mort. Des faits montrent que la situation va de mal en pis entre les deux pays, et ce, à tous les niveaux. C'est ce qui se confirme avec cette décision d'un ministre marocain de refuser de s'exprimer en français lors d'une cérémonie officielle à Marrakech, tout en acceptant de le faire dans d'autres langues étrangères. Une position qui reflète, selon plusieurs observateurs, la position glaciale des autorités de ce pays à l'égard de Paris.
La crise larvée entre le Maroc et la France, très visible sur le plan diplomatique, semble atteindre le volet « linguistique ». Après la décision de la compagnie aérienne Royal Air Maroc d'abandonner la langue française dans sa communication, c'est au tour d'un haut responsable politique du Royaume de se montrer fâché contre cette langue et l'État français. Un événement qui a fait les choux gras des médias et suscité de nombreuses réactions sur la Toile.
Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre le ministre marocain de l'Industrie et du Commerce, Riyad Mezzour, refuser la demande d'un journaliste de répondre à sa question en français. Cela s'est passé lors des travaux de la 2e édition de la conférence africaine sur « la réduction des risques en santé » organisée à Marrakech du 27 eu 29 septembre dernier. La vidéo montre, en effet, qu'après la demande du journaliste, le représentant du gouvernement a préféré s'exprimer en arabe, en anglais ou en espagnol.
Le ministre de l’Industrie Ryad Mezzour a refusé de parler français 🇫🇷 et suggéré l'arabe, l'anglais ou l'espagnol lors de la Conférence africaine sur la réduction des risques en santé à Marrakech…
Voici les résultats diplomatiques de Macron..
— Tribune Populaire🌐 (@TribunePop23) September 30, 2023
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La sortie du ministre a vite fait le buzz dans les médias et sur les réseaux sociaux du Royaume chérifien, reléguant au second plan l'événement organisé à Marrakech. Plusieurs médias ont fait le lien entre le geste du ministre et la détérioration de relations entre Rabat et Paris. Pour de nombreux observateurs, la sortie du ministre est un signe qui en dit long sur la glaciation des relations entre les deux pays.
Rabat veut prendre ses distances vis-à-vis de la langue française
Un certain nombre d'événements montre, en fait, le degré de détérioration des relations entre Rabat et Paris. Récemment, une campagne en ligne lancée au royaume de Mohammed VI réclamait aux autorités de leur pays d'imposer le visa aux ressortissants français en réponse à la décision de Paris de restreindre le nombre de visas aux Marocains, mais aussi aux Algériens et aux Tunisiens. Le refus du Maroc de recevoir les aides proposées par la France lors du dernier séisme qui a frappé le pays est aussi un signe qui éloigne de plus en plus les deux États.
Ce n'est pas le seul pays africain qui montre des signes d'éloignement vis-à-vis de la France. L'Algérie, qui partage une histoire très dense avec son ancien colonisateur, a elle aussi affiché ces dernières années ses distances. La récente décision des autorités algériennes d'interdire le programme d'enseignement français dans les écoles privées du pays est considérée des deux côtés de la Méditerranée comme un geste de défiance de la part de l'Algérie vis-à-vis de la langue française qui ne cesse de perdre des points.