La France est confrontée ces dernières années à une pénurie de médecins, notamment dans les zones rurales. Ces dernières souffrent en effet d’un désert médical difficile à combler par les praticiens locaux. En dépit de cet épineux problème, et contrairement à de nombreux autres pays européens, la France reste peu encline à recourir aux médecins étrangers, selon une récente étude de l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé).
Dans plusieurs pays développés, le recours à des médecins étrangers constitue souvent une réponse au manque de médecins notamment dans les zones rurales. En France, le recours aux praticiens étrangers est peu pratiqué. C’est ce qui ressort d’une récente étude réalisée par des chercheurs de l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) en France.
Cette étude, intitulée « Les médecins généralistes libéraux diplômés à l'étranger contribuent à renforcer l'offre de soins dans les zones sous-dotées », s’intéresse à « identifier la contribution des médecins nés et diplômés à l'étranger à la réduction potentielle des inégalités territoriales d'offres de soins ». Une étude qui intervient dans un contexte marquée par la nouvelle loi sur l’immigration en France qui permet aux travailleurs étrangers dans les métiers en tension, dont la médecine, d'obtenir une carte de séjour.
Les auteurs de cette étude constatent que le recours aux médecins nés et diplômés à l’étranger, qui est « une solution peu onéreuse » au problème des déserts médicaux, « n'est pas facilité en France », contrairement à « de nombreux pays, [où] les médecins diplômés à l'étranger apparaissent comme une solution peu onéreuse (pas de coût de formation) et rapide afin de combler un déficit dans une spécialité ou un territoire, notamment quand l’obtention d’un visa est conditionnée à l’exercice en zones sous-dotées comme cela peut être le cas en Australie, au Canada, ou aux Etats-Unis ».
Les Algériens en tête des médecins étrangers en France
Ainsi en 2023, 29.238 médecins diplômés à l’étranger exercent en activité régulière en France, soit 12,5% des effectifs totaux, une proportion inférieure à la moyenne des pays de l’OCDE (16%), selon l’étude. Parmi ces médecins étrangers, 55% sont diplômés hors Union européenne (Padhue) venant principalement d'Algérie (37,4%), de Tunisie (10,4%) et de Syrie (9,5%), tandis que les diplômés européens viennent essentiellement de Roumanie (42,6%), de Belgique (15,3%) et d'Italie (14,6%).
Ces effectifs de médecins étrangers connaissent une forte progression surtout depuis 2007, du fait de changements législatifs : en 2005, l'Union européenne a institué une reconnaissance automatique des diplômes de médecine partout en Europe. « Les médecins titulaires d’un diplôme européen peuvent ainsi disposer de la libre circulation des travailleurs et s’installer où ils le souhaitent », rappellent les auteurs de l’étude.
Les médecins étrangers contribuent à résoudre le problème des déserts médicaux en France
En 2017, les médecins généralistes nés et diplômés en France constituaient 84,1%, soit l’écrasante majorité des généralistes en activité régulière, contre 12,3% pour ceux nés à l’étranger et diplômés en France et 3,4% pour ceux nés et diplômés à l’étranger, ceux nés en France et diplômés à l’étranger ne représentant que 0,1% du total, soit 93 praticiens.
Au vu de ces données, la contribution des médecins nés et formés à l’étranger peut sembler modeste, notamment du fait de leur mobilité (beaucoup ne restent pas dans leur territoire d’installation). Pourtant, les chercheurs de l’IRDES concluent que « l’effet est positif », même s’il diminue avec le temps : globalement +7,4 médecins généralistes pour 100.000 habitants en début d’installation et +3,8 au bout de cinq ans. En somme, « ces médecins ne sont pas la solution au problème des déserts médicaux en France, mais ils contribuent à le résoudre », selon les auteurs de l’étude.