Les relations rompues, mais toujours chaudes, entre l'Algérie et le Maroc semblent inquiéter outre-Méditerranée, notamment en Espagne où un journaliste analyste a publié une tribune dans laquelle il met en garde contre une exacerbation entre les deux pays voisins. Pour lui, Alger veut s'imposer sur le plan international, ce qui n'est pas bien vu par le Maroc.
Dans une tribune publiée sur le site de l'organisation Middle East Institute, le journaliste, écrivain et analyste Francisco Serrano met en garde contre les dangers qui guettent la région d'Afrique du Nord. Il cite trois facteurs susceptibles de provoquer l'exacerbation dans les relations, déjà exécrables, entre l'Algérie et le Maroc.
"Les dangers croissants résultent d'une confluence de facteurs. Tout d'abord, le renforcement militaire des deux côtés a continué à faire monter les tensions. Deuxièmement, l'affirmation diplomatique croissante de l'Algérie lui permettra de mieux se faire entendre dans les affaires internationales. Troisièmement, sur le terrain, la volonté du Maroc d'utiliser des frappes de drones pour éliminer des membres du Front Polisario pourrait précipiter une escalade", estime Francisco Serrano dans le texte qu'il a publié.
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Cette situation a été rendue possible par l'amélioration de la situation de l'État algérien qui a réussi, selon le journaliste espagnol, à prendre le dessus sur la contestation populaire née en février 2019. Après l'affaiblissement du Hirak, "Alger a vu ses positions internes et externes s'améliorer", estime Francisco Serrano qui ne manque pas de rappeler que la crise sanitaire mondiale a beaucoup aidé à affaiblir le Hirak algérien.
L'Algérie va consacrer l'année 2024 à la question du Sahara occidental
Dans le même ordre d'idée, le journaliste analyse espagnol croit savoir que l'Algérie va consacrer l'année 2024 à la question du Sahara occidental qu'elle ramènera à l'ONU. "Alger souhaite également faire pression pour une réforme plus large du Conseil de sécurité afin d'accroître le poids des Etats africains au sein de l'organe ainsi que celui du Sud de manière plus générale. Cela lui permettra de renforcer ses alliances et d'inciter plus facilement d'autres pays à adhérer à sa vision d'un règlement politique pour le Sahara occidental par le biais de l'autodétermination", estime encore Francisco Serrano.
Il estime cependant que la mission de l'Algérie sera ardue face au statu quo établi par le Maroc sur le terrain. "Mais le simple fait d'essayer de le faire augmentera les frictions entre les deux pays", estime encore l'auteur de la tribune, précisant cependant que malgré les dangers accrus que la situation actuelle laisse présager, "la possibilité d'un conflit ouvert opposant les deux voisins est faible. Ni Alger, ni Rabat ne tirerait grand profit d'une guerre. Au-delà des ressources nécessaires qu'elle impliquerait, la confrontation affaiblirait la position de chaque régime auprès de son propre peuple".