Pourquoi l'Espagne a changé sa position par rapport au Sahara occidental

Drapeau de l'Espagne

L'Espagne, qui avait toujours prôné la neutralité entre le Maroc et le Sahara occidental en s'en remettant à la légitimité internationale sous l'égide de l'ONU, a changé de position. Le royaume ibérique soutient désormais publiquement la position du Maroc d'un plan d'autonomie pour le Sahara occidental.

Ce revirement espagnol, avec le risque d’envenimer ses relations avec l’Algérie, est une surprise pour les uns, attendu pour les autres. Les observateurs s'interrogent pourquoi l'Espagne a changé sa position par rapport au Sahara occidental ?

Pour répondre à cette question, il faut revenir à la brouille diplomatique entre l'Espagne et le Maroc. Une brouille qui a duré plus d'une année en raison de l’accueil de l'Espagne du chef du Polisario sur son territoire pour des soins. Suite à ce différend, les enclaves de Ceuta et Melilla ont été envahies par des migrants venus du Maroc. Cette migration clandestine a amplifié la crise entre les deux pays.

L'Espagne cède au chantage marocain

Les observateurs ont depuis le début de cette crise migratoire entre le Maroc et l'Espagne souligné que le royaume chérifien a cessé de contrôler ses frontières pour faire pression sur l'Espagne. Aujourd’hui il s’avère que ce chantage a été payant. L'Espagne s'est alignée sur la position marocaine.

En effet, en mai dernier l'Espagne a connu une arrivée massive de migrants d'origine marocaine dans l'enclave espagnole de Ceuta, sur la côte nord du Maroc, profitant d'un relâchement de la surveillance des frontières côté marocain. Selon Bernabé López, professeur d'études arabes et islamiques à l'Université autonome de Madrid, ce geste de Madrid sur le Sahara a principalement pour but d'obtenir de Rabat un contrôle des flux migratoires. Afin « de serrer un peu la vis et qu'il y ait plus de contrôle et non cette absence intentionnée de contrôle de la part du Maroc », juge-t-il.

Cette analyse partagée par de nombreux observateurs a été confirmée à demi-mot par la porte-parole du gouvernement espagnol ce 20 mars. Isabel Rodríguez García a affirmé que « ce changement concernant la question du Sahara occidentale ouvre une nouvelle étape dans les relations avec le Maroc qui consiste à une stabilité nécessaire ». La porte-parole du gouvernement espagnol ajoute : « nous sommes arrivés à des engagements mutuels pour bannir les décisions unilatérales. Nous nous sommes mis d'accord de rester en contact permanent pour la gestion de l'immigration clandestine ».

L'Espagne prend le risque de mécontenter l’Algérie

En agissant de la sorte, le gouvernement espagnol a pris le risque de créer une crise diplomatique avec l’Algérie. Une crise qui commence avec le rappelle de l’Ambassadeur d’Algérie en Espagne pour « consultation ». En effet, même si la porte-parole du gouvernement espagnol a tenu à rassurer sur la solidité des relations avec Alger, le ralliement de l’Espagne sur la proposition marocaine aura certainement des conséquences sur les relations diplomatiques.

L'Espagne a tout à perdre dans un contexte de guerre en Ukraine qui a augmenté la demande sur les énergies fossiles. L'Espagne, qui importe plus de 40 % de gaz naturel algérien, notamment à travers le gazoduc sous-marin Medgaz, pourra se retrouver dans une situation difficile si Alger décide d’utiliser cette énergie comme moyen de pression.

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