Accord gazier avec l'Algérie : L'Italie signe et l'Espagne tremble

Drapeaux de l'Espagne et de l'Italie

L'Algérie et l'Italie ont signé, le lundi 11 avril, un accord qui permettra la hausse de la quantité de gaz algérien à exporter vers la botte du sud de l'Europe. Cet accord permettra au pays de Mario Draghi de réduire sa dépendance au gaz de Russie. L'Espagne, en froid ces derniers temps avec l'Algérie, s'inquiète que cet accord aille vers une remise en cause des livraisons de gaz algérien vers la péninsule ibérique.

En effet, la presse espagnole a beaucoup commenté la visite du Conseil du gouvernement italien Mario Draghi à Alger et la signature de l'accord gazer entre les sociétés pétrolières Sonatrach et ENI. Dans cet accord, aucun détail chiffré n'a été donné. « Il permet d'accélérer le développement des projets de production de gaz naturel, en conjuguant les efforts des deux sociétés et d'augmenter les volumes de gaz exportés en utilisant les capacités disponibles du gazoduc Enrico Mattei (TransMed) », estime la compagnie algérienne des hydrocarbures Sonatrach.

L'accord entre Sonatrach et l'Italien ENI « permet aussi aux deux sociétés de fixer les niveaux des prix de vente de gaz naturel, en ligne avec les conditions du marché, pour l'exercice 2022-2023 ». Cela, en plus de cette histoire de hausse des livraisons de gaz que les Italiens utiliseront pour réduire leurs importations de gaz russe.

Pas de chiffres officiels sur la hausse des livraisons de gaz vers l'Italie

Si les officiels n'ont rien donné de chiffré, les « fuites » ont quand même alimenté la presse internationale. Des agences de presse, à l'instar de Reuters et Bloomberg, ont fait savoir qu'il s'agirait d'augmenter les livraisons de gaz de 50 %. La hausse des livraisons de gaz algérien vers l'Italie augmentera donc de 9 à 10 milliards de m³ pour atteindre les 30 milliards de m³.

C'était cependant suffisant pour provoquer l'inquiétude de l'Espagne, deuxième client de l'Algérie en matière de gaz. Les Espagnols n'ont pas tardé à engager des discussions avec les Italiens, notamment sur l'accord en question et ses conséquences potentielles sur les livraisons de gaz algérien à l'Espagne. Les Italiens tentent de rassurer leurs homologues espagnoles sur la question.

L'inquiétude de l'Espagne et le revirement du gouvernement espagnol

Il faut dire que l'inquiétude de l'Espagne ne tombe pas du ciel. Elle est expliquée surtout par le revirement brusque du gouvernement espagnol dans sa position sur le Sahara occidental. Un revirement qui a fortement déplu à Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid. Pour les Algériens, le gouvernement de Pedro Sanchez a violé le droit international en soutenant entièrement la position marocaine. Alger a commencé à mettre la pression sur plusieurs plans, y compris sur celui des vols entre l'Algérie et l'Espagne.

Mais pour l'Algérie, il n'est pas question de cesser d'approvisionner l'Espagne en gaz. Des médias espagnols ont fait parler des sources proches du dossier, reprises par le média algérien TSA, qui font savoir que l'Algérie « modulera ses relations en direction de certains partenaires de l’Europe du Sud qui ont investi en Algérie et qui entretiennent d’excellentes relations traditionnelles avec notre pays ». Des sources qui ont présenté l'Italie parmi ces pays entretenant d'excellentes relations traditionnelles avec l'Algérie.

Pour ces sources algériennes, l'Italie est un pays qualifié « pour devenir un hub gazier dans la région eu égard à la capacité du gazoduc Enrico Mattei et à la demande et la disponibilité affichées par les opérateurs de ce pays ami ». Ce sont des mots qui ne rassurent pas du côté de la péninsule ibérique, d'où le branle-bas de combat enclenché à la suite de la signature de l'accord gazier algéro-italien.

Le gaz algérien destiné à l'Espagne sera-t-il détourné vers l'Italie ?

En fait, l'accord algéro-italien a suscité des craintes au sein des entreprises espagnoles en lien avec le gaz. Elles ont en effet peur que l'accord renforce la position de l'Algérie dans ses négociations avec l'Espagne sur la question des prix. Les deux pays sont en pleines négociations sur les prix du gaz, notamment en raison de la hausse des prix engendrée par la guerre en Ukraine. Et avec le revirement de l'Espagne dans le dossier sahraoui, les Espagnols ne s'attendraient pas à de l'indulgence de la part de l'Algérie.

Aussi, les Espagnols ont peur que l'accord algéro-italien empêche l'Algérie de maintenir l'approvisionnement de l'Espagne. Malgré les assurances des Italiens, les Espagnols ont peur que « le gaz actuellement destiné à l’Espagne soit détourné vers l’Italie », selon un chercheur à l’Institut italien d’études politiques internationales ». D'autant plus que certains responsables espagnols pensent que l'Algérie n'a pas les moyens d'augmenter sa production de gaz en vue de concrétiser l'accord et augmenter ses livraisons vers l'Italie. C'est cette crainte qui fait dire à certains intervenants dans l'industrie gazière espagnole que le gaz destiné à l'Espagne risque d'être détourné vers l'Italie.

Retour en haut
Share via
Copy link