C'est aujourd'hui mardi 29 mars que le nouveau programme de vols internationaux d'Air Algérie entre en vigueur. Le ministère algérien des Transports a rendu public la liste de 64 nouveaux vols supplémentaires accordés à la compagnie aérienne nationale après 20 jours de tergiversations caractérisées par des annonces de nouveaux suivies de leur suppression.

La dernière annonce, faite lundi 28 mars, est la troisième du genre depuis la première rendue publique le 9 mars. Si le programme du 28 mars n'est pas différent de celui diffusé le 24 du même mois, il est loin d'égaler le premier annoncé le 9 mars, qui comptait 108 vols supplémentaires au profit d'Air Algérie. L'on se rappelle que quelques heures seulement après la publication de ce programme de 108 vols, le ministre des Transports a été limogé « pour faute grave ».

En fait, personne n'a pas pensé communiquer sur la faute grave que l'ex-ministre des Transports aurait commise. À-t-elle un lien avec le programme de vols publié plus tôt ? Si personne n'établit un lien entre les deux événements de façon officielle, tout le monde pense qu'il n'y a que l'annonce de ce nouveau programme qui a valu son poste de ministre à Aïssa Bekkaï. Les Algériens restent quand-même sur leur faim puisqu'ils n'arrivent toujours pas à comprendre la nature de ce lien et à comprendre exactement pourquoi Aïssa Bekkaï a été limogé.

4 changements dans le nouveau programme de vols internationaux d'Air Algérie

Pour mieux cerner la problématique, il est utile de comparer le premier programme avec le dernier avalisé par la présidence de la République. Quelle est la différence entre les deux programmes ? Ou plutôt : quels sont les correctifs apportés à la première version du programme ? C'est de cette manière que l'on pourrait éventuellement trouver les raisons du limogeage et des tergiversations qui l'ont suivi.

Il y a effectivement 4 changements entre les deux programmes : Il y la suppression des dessertes vers les aéroports algériens hors ceux d'Alger, d'Oran et de Constantine. En d'autres termes, ceux de Annaba, de Sétif, de Béjaïa et de Tlemcen. Le nouveau programme a également annulé la destination Nouakchott (Mauritanie) et celle de Pékin (Chine). Avec un vol et deux vols par semaine respectivement, ces deux destinations ne peuvent être la cause du limogeage d'un ministre.

16 vols hebdomadaires annulés entre l'Algérie et l'Espagne

Il reste donc la dernière destination supprimée du premier programme. Celle de l'Espagne. Un nouveau programme de 16 vols de et vers 3 villes espagnoles a été supprimé ; soit Madrid, Barcelone et Alicante. Le fameux programme annulé prévoyait 5 vols par semaine entre Alger et Alicante et 5 autres entre Oran et Alicante. Aussi, dans le même programme figuraient 3 vols d'Alger vers Madrid et 3 autres vols entre Alger et Barcelone.

C'est énorme comme programme annulé, d'où le doute que c'est la raison de la discorde entre l'ex-ministre des Transports et le chef de l'État. Et ce n'est pas uniquement le volume du programme annulé qui fait tiquer, mais le fait que cette annulation coïncide avec la nouvelle position du gouvernement espagnol dans le dossier du Sahara occidental. C'est ce qui fait dire à des observateurs que la cacophonie ayant accompagné la hausse du nombre de vols de et vers l'Algérie était liée à la politique.

Pressions de l'Algérie sur l'Espagne ?

En effet, tous ces changements autour du nouveau programme de vols coïncident avec le soutien brusque apporté par l'Espagne de Pedro Sanchez à la position marocaine dans le dossier du Sahara occidental. Un soutien qui contredit carrément la position de l'ONU dans ce dossier et qui fait dire à beaucoup – notamment à des intellectuels espagnols – que le gouvernement de Sanchez viole le droit international en soutenant l'idée d'autonomie accordée par le Maroc de Mohammed VI au Sahara occidental.

Cette nouvelle position de l'Espagne, surprenante et inattendu, n'a pas manqué d'irriter Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid. Des médias espagnols parlent déjà de pressions que cherche à exercer le gouvernement algérien sur l'Espagne. Notamment sur l'approvisionnement en gaz. Certains médias parlent du refus net de l'Algérie de discuter la relance du gazoduc Maghreb-Europe et d'une volonté d'augmenter le prix du gaz. C'est ce qui fait dire à certains analystes que la suppression des 16 vols entre l'Espagne et l'Algérie est étroitement liée à cette réalité politique.