L'ancien ambassadeur de France en Algérie, qui a récemment publié un livre sur l'Algérie en se débarrassant du devoir de réserve, s'est exprimé dans le journal Le Figaro le 11 septembre à propos de la visite d'Élisabeth Borne à Alger. Xavier Driencourt est revenu sur cette visite en observateur politique libre de toutes contraintes.
Ainsi, l'ancien ambassadeur contredit tous ceux qui ont affirmé que la France ne s'intéresse dans cette conjoncture qu'au gaz algérien. « Ni le président de la République ni Mme Borne ne vont à Alger pour parler du gaz […] par ce qu'on dépend assez peu du gaz algérien »1. Pour Xavier Driencourt, cette visite est « surtout symbolique »2. D'après lui, elle est surtout destinée à « entretenir le rythme, entretenir la flemme et entretenir l'amitié ».
L'ancien ambassadeur est revenu dans cet entretien aux relations bilatérales en dents de scie pendant le règne du président Emmanuel Macron. Le premier quinquennat de macron a commencé par « sa déclaration sur la colonisation (crime contre l'humanité), ça lui a valu des applaudissements à Alger et des critiques très fortes dans les milieux de droite en France, notamment chez les pieds noirs. Après, il y a eu cette période de refroidissement avec les visas, avec les déclarations sur la rente mémorielle. Aujourd'hui, on repart à la hausse ».
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La France doit exiger à l'Algérie de la réciprocité
Fidèle à lui-même, l'ex-ambassadeur n'a pas manqué de lancer des flèches sur Alger. « On est obligé, condamné à avoir une relation normalisée avec l'Algérie. Il faut être dans un rapport de force. Les Algériens ont été occupés par la France 132 années, mais ils ont été formés par 20 ans de système soviétique, ils ont été formés par l'armée soviétique, ils ne comprennent que le rapport de force »3, a-t-il lancé, en ajoutant que la France ne doit pas se laisser faire. Pour lui, « il faut être à la fois ferme et affectif avec les Algériens. Il faut se faire respecter sur les relations économiques, les relations migratoires, le dossier mémoriel et sur la vie quotidienne des Français en Algérie, parce qu'il y a encore des Français en Algérie et leur situation n'est pas facile ».
Cet ex-ambassadeur appelle donc les responsables français à exiger de la réciprocité dans les gestes. Il estime que le côté algérien également doit faire des efforts. « Il faudrait que du côté algérien, il y ait également des gestes. Il faut que l'Algérie fasse aussi des gestes. C'est ça le bon rapport de force, c'est-à-dire un rapport équilibré », explique Driencourt.
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