Des sans-papiers algériens pour les chantiers des Jeux olympiques Paris 2024

chantier pour les Jeux olympiques Paris 2024

Des milliers de migrants sans-papiers, dont des Algériens, sont embauchés sur les chantiers des infrastructures des Jeux olympiques Paris 2024. Ces sans-papiers travaillent dans des conditions déplorables qui rappellent celles des travailleurs migrants sur les chantiers de la Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022.

Alors que les préparatifs des Jeux olympiques Paris 2024 battent leur plein, le journal français Libération a publié, le mardi 6 décembre, une enquête sur des travailleurs-sans-papiers employés sur les chantiers de cet événement sportif planétaire. Une enquête qui intervient dans un contexte marqué par le débat sur le projet de loi sur l’immigration en France. Une loi à travers laquelle le gouvernement veut notamment faciliter la régularisation des travailleurs-sans-papiers dans le cadre du nouveau titre de séjour « métiers en tension ». La publication de cette enquête intervient aussi en pleine Coupe du monde de football. Un événement entaché par une vaste polémique sur le sort des travailleurs-migrants morts par milliers sur les chantiers au Qatar.

Travailleurs-sans-papiers : la France pointée du doigt

« Après avoir critiqué l'organisation de la Coupe du monde par le Qatar, notamment sur le sort des travailleurs-migrants qui sont morts par milliers sur les chantiers selon Amnesty International, voilà que la France se trouve, elle aussi, face à une polémique sur l'organisation des Jeux olympiques de Paris, en 2024 », écrit à juste titre le quotidien français Libération1. C’est pour dire que la France, qui a tant décrié le Qatar pour l’organisation de la Coupe du monde 2022, est elle aussi pointée du doigt pour l'emploi de travailleurs-sans-papiers sur les chantiers des JO Paris 2024.

Dans son enquête, Libération a rencontré de nombreux travailleurs-sans-papiers sur les chantiers des infrastructures des JO de Paris 2024. Il s’agit du chantier du village des athlètes des Jeux olympiques situé à cheval sur les communes de Saint-Denis, de Saint-Ouen et de l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). C’est le plus important chantier des Jeux olympiques Paris 2024. Il est censé accueillir 14'000 sportifs et leurs staffs.

Paris 2024 : Des travailleurs non déclarés et sans droits

Ils sont en majorité africains, dont des Algériens. Depuis un, deux ou trois ans, ils travaillent pour une entreprise sous-traitante. « C’est du bouche-à-oreille, de copain à copain. Si je travaille quelque part et que je vois des amis qui ne travaillent pas au foyer, je leur donne le numéro de mon patron. Pour vivre ici quand tu n’as pas de papiers, ce n’est pas du tout facile, alors on préfère travailler dans le bâtiment plutôt que de faire des choses pas bien. Si le patron a du travail pour toi, il t’appelle et il t’envoie l’adresse », explique Moussa, porte-parole du groupe des travailleurs-sans-papiers.

Tous ces travailleurs sont des sans-papiers. Parmi eux, il y a des manutentionnaires chargés de porter des sacs de ciment de plusieurs dizaines de kilos sur 13 étages. Il y a des bancheurs spécialisés dans la construction en béton armé. Et puis des hommes à tout faire qui piochent la terre, construisent les murs, font de la maçonnerie. « Le tout pour un peu plus de 80 euros non déclarés par jour, peu importe les conditions météo, et sans jour de congé », révèle la même enquête.

« On n’a aucun droit. On n’a pas de tenue de chantier, pas de chaussures de sécurité fournies, on ne nous paye pas le pass Navigo, on n’a pas de visite médicale et même pas de contrat. Si tu tombes malade ou que tu te blesses, le patron te remplace le lendemain », s’indigne Abdou, un travailleur-sans-papier. « Les Français ne veulent pas faire ce travail. Sur le chantier, il n’y a presque que des étrangers. Des Pakistanais pour l’électricité, des Arabes pour la plomberie, des Afghans pour la maçonnerie… Les blancs, ce sont ceux qui sont dans les bureaux », fustige Moussa, un autre ouvrier sans-papiers.


  1. Sans-papiers sur les chantiers de Paris 2024 : «Les JO ne pourraient pas se faire sans nous», Libération 

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