Visite de Tebboune en France : Une conjoncture et des enjeux

Emmanuel Macron Algérie

Après la visite officielle du président Macron en Algérie, qui a eu lieu au mois d’août 2022, c’est au tour du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, de se rendre, au cours du mois de mai prochain en France. L’annonce a été faite hier, et les enjeux de cette visite ne sont pas des moindres.

À rappeler que la visite de Macron a été suivie de celle de sa Première ministre, Elizabeth Borne, accompagnée d’une quinzaine de ministres. Aussi, vers la fin de l’année dernière, le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, s’est rendu en Algérie pour une visite de trois jours. Au cours de ces déplacements, plusieurs décisions ont été prises, et une nouvelle page semble avoir été ouverte entre les deux pays.

Cette dynamique diplomatique, faut-il le rappeler, intervient dans une conjoncture assez particulière, marquée par une guerre sur le sol européen qui fait craindre le pire, et une tendance « occidentale » de lutte contre l’immigration clandestine. En fait, tous les observateurs avertis pensent que ce sont là les vrais enjeux, du moins immédiat des relations entre la France et l’Algérie.

Gaz : Macron, l'intermédiaire entre l'Algérie et l'Europe

Durant sa visite en Algérie, qui a mis fin à une longue brouille, le président français a traité l’essentiel des sujets qui concernent les deux pays. Et, dans la crainte d’une crise énergétique causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le gaz algérien a été longuement évoqué. Faisant appel au langage des chiffres, dont il a une maitrise assez poussée, Macron avait expliqué que la France n’avait pas grand besoin du gaz algérien.

« La France dépend peu du gaz dans son mix énergétique, à peu près 20 %, et dans cet ensemble, l’Algérie représente 8 à 9 %. Nous ne sommes pas dans la situation de beaucoup d’autres pays où le gaz algérien à quelque chose qui peut changer la donne », a-t-il déclaré. « Par contre, c’est une très bonne chose qu’il y ait une coopération accrue et plus de volumes à travers le gazoduc italien », a ajouté Macron, assurant que la France n’est nullement « en compétition avec l’Italie ». « C’est bon pour l’Italie, c’est bon pour l’Europe », a-t-il conclu.

La détérioration des relations entre l’Algérie et l’Espagne est également au centre de la nouvelle dynamique. Selon les observateurs avertis, après la rupture entre Alger et Madrid, qui dure depuis les débuts de l’année écoulée, Macron « négocie » avec l’Algérie, au nom de toute l’Europe, à commencer par l’Espagne. Il est, en effet, attendu qu’il tente d’amener le président algérien à de meilleurs sentiments vis-à-vis de ce pays dont les pertes, depuis la brouille avec l’Algérie, se comptent en centaines de millions d’euros. Là aussi, le gaz sera indéniablement au cœur des discussions.

L'immigration : Le problème européen du 21e siècle

Par ailleurs, la visite de Darmanin, durant le mois de décembre 2022, était significative, à plus d’un titre. En guerre contre l’immigration clandestine, le ministre français était venu avec, dans ses bagages, une proposition alléchante : le retour à la normale en matière d’octroi de visas aux Algériens. Et la contrepartie n’était, sans doute, que plus de souplesse de la part de l’Algérie en matière de rapatriement d’Algériens sous Obligations de quitter le territoire français.

En effet, la France, en pleine élaboration d’une nouvelle loi d’immigration, a affiché clairement ses attentes des pays pourvoyeurs de migrants. L’Algérie, à la fois terre d’origine de ces migrants et terre de transit, est une pièce importante dans l’échiquier de Darmanin. Il est effectivement inutile de délivrer des OQTF si elles ne sont pas suivies d’exécutions effectives. Dans ce dossier, il est clair que le chef de l’État algérien continuera à défendre l’accord de 1968 qui est l’une des dernières lucarnes d’où les Algériens arrivent à voir le monde.

Retour en haut
Partager via
Copier le lien