Comme presque partout dans le monde, le secteur du BTP (Bâtiment et travaux publics) est celui qui a le plus de mal à recruter. La France, qui est sur le point d’avoir une nouvelle loi sur l’immigration, est loin de faire l'exception. Et le titre de séjour « métiers en tension » que ladite loi prévoit ne semble pas adapté à ce secteur dont les besoins en main-d’œuvre sont considérables. Selon certains, il est même susceptible de créer un « effet pervers » aux conséquences néfastes.
Les besoins du BTP français sont énormes : selon la dernière étude de la Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares) sur les métiers sous tension, « les trois quarts du Top-30 sont des métiers du BTP et de l'industrie, essentiellement d'ouvriers qualifiés ou de techniciens ». Et les bons candidats aux dizaines de milliers de postes à pourvoir ne se trouvent pas à tous les coins de rue. En fait, le deal, en termes de gestion des ressources humaines, c’est de ne pas faire de mauvais recrutements, tout en ne laissant pas de postes vacants. Et à l’échelle d’un État, ce n’est guère facile d'arriver au juste équilibre.
Des critères qui compliquent l'octroi de titres de séjour
Les ministres français, Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, respectivement de l’Intérieur et du Travail, mettent en avant deux arguments prometteurs : « contrôler l'immigration et améliorer l'intégration ». Or, entre l’un et l’autre, ce n’est pas une relation de complémentarité, comme on aurait pu le croire. Loin s’en faut !
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Pour le premier argument qui de « contrôler l’immigration », la loi Darmanin conditionne l’octroi d’un titre de séjour « métiers en tension », par une maitrise minimale de la langue française. Aussi, les étrangers concernés devront justifier une activité professionnelle salariée « depuis au moins huit mois sur les vingt-quatre derniers mois » et une résidence ininterrompue en France depuis au moins trois ans. Ce sont là des difficultés difficilement surmontables qui ne vont pas vraiment arranger le secteur du BTP.
BTP : « une pompe aspirante à l'immigration illégale »
Là où les choses deviennent plus compliquées, c’est la possibilité que la Loi Darmanin devienne, via justement le secteur du BTP, une « machine à régulariser ». C’est du moins l’une des craintes d’Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui représente plus de 50 000 entreprises françaises.
« Je tiens à rappeler que nous condamnons le travail illégal et certaines situations d'irrégularités sont dues à la complexité des procédures administratives, prévient-il. Quant à ce nouveau titre de séjour, il est indispensable de s'assurer que les personnes pouvant en bénéficier aient les compétences requises pour travailler : le simple fait d'intervenir sur un chantier en situation irrégulière ne saurait l'assurer », a déclaré Salleron au journal électronique Challenges.
C’est dire que le juste équilibre entre répondre à la demande d’un secteur aussi névralgique et de ne pas faire de ce même secteur une pompe aspirante à l'immigration illégale est très difficile à trouver. « L’effet pervers serait de créer une pompe aspirante à l'immigration illégale qui viendrait travailler sans qualification juste pour obtenir à court terme une régularisation », a d'ailleurs confié, sous couvert d’anonymat, un chef d’entreprise au même média.
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