Durement impactés par la méfiance des investisseurs, les prix du pétrole connaissent une véritable déroute, ces derniers jours. Le baril de Brent, la référence mondiale, est tombé à son plus bas niveau depuis 15 mois. Le West Texas Intermediate, le brut américain, a plongé sous son plus faible niveau depuis 2021. Les craintes d’une récession mondiale ont pesé sur la demande de pétrole, malgré les efforts de l’OPEP pour réduire l’offre. Même la banque Goldman Sachs, qui était la plus optimiste sur le pétrole, ne prévoit plus que le Brent atteigne les 100 dollars cette année.
En effet, ce samedi 25 mars, le baril de Brent, référence du pétrole algérien, a connu une relative hausse, mais reste toujours à un niveau très bas. Il est cédé à 75 USD le baril. De son côté, le brut américain West Texas Intermediate a connu une baisse plus importante et est cédé à 69,20 USD le baril. Le pétrole remonte donc, mais pas assez.
Le pétrole victime de la crise bancaire
Les craintes quant à la solidité du secteur bancaire ont repris de plus belle le 24 mars. Les Bourses européennes s'inscrivant en fort repli après une nette augmentation du prix de l'Assurance contre le risque de défaut (CDS) de plusieurs banques européennes. Concrètement, « les inquiétudes bancaires sont de retour et le pétrole est durement touché par un mouvement de fuite vis-à-vis du risque de la part des fonds de couverture et des banques qui réduisent leurs expositions sur le pétrole », explique un expert qui ajoute qu'« on n'assiste pas tant à un repli de la demande de brut qu'à un repli des investissements ».
Les prix du pétrole vivent donc au rythme d'annonces de nouvelles du secteur bancaire. « Les craintes de contagion [dans le secteur bancaire] et les risques de récession continuant à freiner la demande d'actifs plus risqués », explique de son côté Han Tan, analyste d'Exinity. En effet, depuis la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), puis de deux banques régionales américaines, suivie d'autres turbulences en Europe, les investisseurs délaissent les actifs à risque comme les matières premières, malgré des regains de confiance passagers. Des regains de confiance insuffisants pour tirer les prix du pétrole vers le haut et changer leur tendance.
Il faut dire également que les marchés pétroliers sont très secoués par la panique bancaire aux États-Unis et en Suisse. Cette panique a aussi pris les investisseurs, qui redoutent que la crise bancaire ne s'étende à tous les secteurs et n'entraîne un ralentissement mondial et une moindre demande en pétrole. Les investisseurs ont également vendu beaucoup de barils ces derniers jours en raison d'une poussée d'aversion au risque dans un contexte de marché volatil. De son côté, l'OPEP+ reste dans l'expectative. Pour l'instant, aucune mesure n'a été prise pour juguler la baisse des prix.