Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, des incertitudes ont plané sur l'approvisionnement du marché mondial en blé. L'Algérie, qui est parmi les plus grands importateurs de blé russe, a pris ses précautions et s'est de nouveau tournée vers le marché français. Un blé que les autorités algériennes avaient décidé, à la fin de l'année 2021, de ne plus importer en donnant suite à la crise diplomatique survenue entre les deux pays.
L'Algérie est donc redevenu un grand importateur de blé français, comme plusieurs pays africains. Cependant, cette situation risque de changer. Et pour cause, une décision de l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) datant d'octobre 2022. Cette décision dénoncée par les producteurs français a une relation directe avec les exportations de blé. En effet, l'Anses n'autorise pas, à compter du 25 avril, l'utilisation de l'insecticide PH3 (ou phosphine) en fumigation des cales des navires qu'à la condition qu'il ne soit pas « au contact direct des céréales ».
Pourquoi cette décision risque de stopper les exportations de blé vers l'Algérie ?
L'Algérie, comme le Togo, le Cameroun ou l'Égypte, exige dans son cahier des charges une fumigation en contact direct avec les grains. C'est ce qu'explique le président de l'association des producteurs français de céréales (AGPB) Éric Thirouin. Donc à partir du 25 avril, date de l'entrée en vigueur de la décision de l'Anses, la France ne pourra pas répondre aux cahiers de charge de ces pays importateurs de son blé et risque de ne plus leur vendre de blé.
Le gouvernement français ne formule cependant pas d'inquiétude concernant cette situation. Le ministre français du Commerce extérieur, Olivier Becht, affirme qu'« il n'y a pas de souci à se faire pour nos exportations ». De son côté, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, est plus philosophe. Il a rappelé le rôle que la France continuerait de tenir pour la « sécurité alimentaire » mondiale. Une manière de rassurer les producteurs. Le gouvernement réagit donc aux craintes des producteurs français. Des craintes formulées par plusieurs députés qui ont alerté sur les conséquences de la décision de l'Agence française de sécurité sanitaire.
Le gouvernement français veut désamorcer cette crise en cherchant une solution juridique. « La France va continuer à exporter des céréales. Elle le fait dans le cadre du droit européen qui permet de déroger à l'interdiction […] à la demande des pays d'import », est l'une des pistes données par le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. De son côté, le ministre du Commerce extérieur, Olivier Becht, rassure et affirme qu'« il y a encore des clarifications juridiques à apporter, mais je puis vous garantir que d'ici au 25 avril, des décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre ».