L'ancien Premier ministre Édouard Philippe dénonce l'accord de 1968 avec l'Algérie

Accord de 1968 - Édouard Philippe - Algérie - France

L'Europe se droitise. Plusieurs pays de cette zone ont basculé ces dernières années. L'immigration est devenue la première préoccupation des nouveaux gouvernants et la France, qui a jusque-là fait exception en élisant un président proche du centre, a également adopté cette thématique sur un terrain de surenchère idéologique. En effet, la droite et l'extrême droite font pression pour voter une loi très restrictive sur l'immigration.

C'est dans ce climat que plusieurs personnalités politiques appellent à la remise en cause de l'accord de 1968 entre l'Algérie et la France. Un accord qui octroie certains privilèges aux immigrés algériens. En effet, après l'ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt qui a appelé à la suppression de l'accord de 1968 avec l'Algérie, c'est au tour d'un ancien Premier ministre d'abonder dans le même sens.

Il est temps de remettre en cause l’accord de 1968 avec l'Algérie

Édouard Philippe, Premier ministre sous le premier quinquennat du président Emmanuel Macron, dans une interview accordée au journal l'Express, a souligné la nécessité de remettre en cause l'accord de 1968 . Pour lui, « les raisons qui ont conduit à la négociation et à l’adoption de cet accord et la situation actuelle » laissent à penser qu'il est « temps de revenir en arrière ».

Édouard Philippe estime que « l’Algérie n’est pas le seul pays avec lequel nous avons des accords bilatéraux en matière d’immigration ou de séjour. 16 accords lient la France à des pays avec lesquels nous partageons une histoire, notamment celle de la colonisation ; le Sénégal, la Côte d'Ivoire… Mais la particularité de l’accord franco-algérien est qu’il détermine complètement le droit applicable à l’entrée et au séjour des ressortissants algériens, avec des stipulations qui sont beaucoup plus favorables que le droit commun ».

Fidèle aux positions politiques de la droite à laquelle il appartient, cet ancien Premier ministre explique que « c’est une particularité très nette. Aucun ressortissant d’un autre État ne bénéficie de tels avantages. Un Algérien qui peut prouver 10 ans de séjour, même irrégulier, sur le territoire français, a un droit à la délivrance d’un titre de séjour grâce à cet accord ».

Cette situation est donc dénoncée par Édouard Philippe tout particulièrement parce que, pour lui, c'est « un droit ». « C’est dire la spécificité de cette situation ! Bien entendu, il y a des relations historiques extrêmement puissantes entre la France et l’Algérie, mais le maintien aujourd’hui d’un tel dispositif avec un pays avec lequel nous entretenons des relations compliquées ne me paraît plus justifié », explique-t-il.

Cependant, cet ancien premier ministre indique que « dénoncer cet accord pose des questions délicates en termes juridiques, plus encore en termes diplomatiques : je ne minimise pas les difficultés que cela engendrerait. Mais il est temps de remettre en cause l’accord de 1968 avec l’Algérie ». Tout comme Xavier Driencourt, il avoue donc le manque d'atouts de la France dans son rapport de force avec l'Algérie.

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