Le parquet de Paris a demandé récemment que six ressortissants algériens soient jugés pour traite d’êtres humains. Les mis en cause sont soupçonnés d’avoir initié plusieurs enfants originaires d’Algérie et du Maroc à l’usage de psychotropes afin de les inciter à voler des touristes à Paris.
Dans le cadre du démantèlement d’un réseau d’Algériens qui a poussé des mineurs isolés à dépouiller les touristes à Paris, les réquisitions rendues mi-septembre par le parquet de Paris, soulignent « le parcours d’errance » de plusieurs dizaines d’enfants âgés de 8 à 16 ans, rapporte l’AFP, vendredi 27 octobre, citant une source proche du dossier. Un « périple » allant de leur « traversée de la Méditerranée » depuis le Maroc ou l’Algérie, jusqu’à la tour Eiffel, leur « rêve ».
C’est sur le parvis du Trocadéro que les six Algériens âgés de 23 à 39 ans sont accusés d’avoir initié des mineurs, dont 17 identifiés par les enquêteurs, aux psychotropes « gratuitement dans un premier temps », selon le parquet de Paris. « Ils m’ont dit : "Tiens, prends ça, ça va te faire du bien" », affirme un Marocain âgé de 10 ans, cité dans les réquisitions. « J’ai pris un demi-comprimé de Rivotril et après j’ai continué, continué, continué ». Des doses qui le « poussent à voler » les touristes « et même à être violent ».
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Des Algériens initient des enfants aux psychotropes pour les pousser à commettre des vols
La combinaison des psychotropes Rivotril et Lyrica provoque « une dissociation totale du corps et de l’esprit des jeunes consommateurs », souligne le parquet, qui y voit une « opération de recrutement » des Algériens inculpés pour créer « une forte dépendance » des enfants à leur égard afin « d’en tirer un bénéfice financier ». Pour l’avocat d’un Algérien de 31 ans, ce ne sont pas seulement les enfants qui en sont victimes. « Mon client a aussi vécu dans la rue et s’est aussi retrouvé dépendant. Par conséquent, il s’est mis à vendre des cachets à des congénères, mais il n’y a pas d’organisation ou d’instrumentalisation des jeunes », souligne-t-il.
Si les investigations ont démontré « un réel opportunisme délinquantiel », elles n’ont « pas permis de dessiner une organisation parfaitement stable et structurée », a expliqué le parquet de Paris. Ce dossier a toutefois « renversé l’approche du phénomène », s’est félicité Guillaume Lardanchet, directeur de Hors La Rue, association qui repère et accompagne les enfants étrangers en danger. « Avant, on savait qu’il y avait des mineurs contraints à commettre des délits mais on fermait les yeux sur ceux qui exerçaient la contrainte », souligne-t-il.