Les Français ont rendez-vous le dimanche 10 avril avec le premier tour de l'élection présidentielle. Un rendez-vous important qui ne semble pas laisser indifférents les représentants des Musulmans de France, qui ne cessent de s’impliquer d’une manière directe dans un scrutin qui se déroule pourtant dans un pays laïque.

La question de la place de l'islam et des musulmans continue de susciter le débat en France, notamment en cette période marquée par la campagne pour la présidentielle. Les candidats, notamment ceux de l'extrême droite, n'hésitent pas à sortir la carte du danger de l’islamisme dans le but de s’attaquer à tout ce qui a un lien avec l'islam et les musulmans en France. Un état de fait qui aurait poussé les représentants des musulmans de France à se mêler de la politique, allant jusqu’à afficher ouvertement leurs positions.

Pourtant, les musulmans de France – à l’instar des citoyens français d’autres confessions – ne sont pas censés partager les mêmes idées où idéologie dans une République où la liberté de conscience et d’expression est garantie par la Constitution. Mieux encore, la France en tant que République laïque est censée être au-dessus de toute mêlée religieuse.

« Les autorités religieuses ne devraient pas se mêler de politique », selon un imam de la Grande Mosquée de Paris

Mais dans la pratique, la religion reste très influente dans la vie politique française, comme en témoigne les positions de différentes communautés religieuses du pays à chaque échéance électorale. Les Musulmans de France, qui représentent la deuxième communauté religieuse du pays, ne sont pas en reste et se mêlant eux aussi de cette élection du 10 avril prochain.

Dans une tribune publiée le 14 février dernier dans le journal Le Monde, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a appelé  les musulmans de France à se rendre aux urnes le 10 avril prochain pour « accomplir leur devoir de citoyens ». Il avait affirmé que le vote est « le seul moyen pour couper la route » aux « chantres du racisme ». Sans les nommer, Chems-Eddine Hafiz a fait référence aux candidats Éric Zemmour et Marine Le Pen.

Pour de nombreux musulmans de France, l’appel du recteur de la Grande Mosquée de Paris, n’avait pas lieu d’être, surtout que cela pourrait être interprété comme une interférence de ce grand lieu de culte dans la politique. D’ailleurs, un imam a été viré par la Grande mosquée de Paris pour avoir protesté contre l’appel de son recteur. « Il me semble que les autorités religieuses ne devraient pas se mêler de politique. C'est le fondement de la laïcité », avait lancé l’imam Salah Hamza en réaction à l’appel de Chems-Eddine Hafiz.

Le recteur de la Grande mosquée de Lyon appelle à voter contre les candidats voulant « bouter hors de France » les  musulmans

Après la sortie du recteur de la Grande mosquée de Paris, c’est au tour de celui de la Grande mosquée de Lyon d’appeler lui aussi les musulmans de France à aller « voter en force » lors du prochain scrutin présidentiel. Dans un communiqué publié le mercredi 6 avril 2022 sur Facebook, le recteur de la Grande mosquée de Lyon et président du Conseil des mosquées du Rhône, Kamel Kabtane, a appelé à voter contre les candidats voulant « bouter hors de France » les musulmans qui « ne sont pas des citoyens de seconde zone ».

Tout comme le recteur de la Grande mosquée de Paris, Kamel Kabtane a visé les candidats de l’extrême droite. « Non, les musulmans de France ne sont pas des citoyens de seconde zone ! Non, les musulmans ne sont pas là par le fait du hasard mais par le fait de cette histoire commune qui s’est construite depuis plus d’un siècle ! » affirme encore le recteur de la Grande mosquée de Lyon dans son communiqué.