Affaire des 780 taureaux renvoyés d'Alger : la France face à ses responsabilités

Bétail dans un navire

L’affaire des 780 taurillons refusés par l’Algérie continue à susciter de l’indignation de part et d’autre. Cette fois-ci, ce sont des associations de protection des animaux qui s’alarment. Elles sont au nombre de cinq et demandent à ce que « l’exportation d'animaux par bateau vers des pays étrangers soit suspendue ».

Il s’agit de la Fondation Brigitte Bardot, Welfarm, L214, le CIWF et la LFDA. Les cinq associations concordent leurs efforts pour, assurent-elles, « mettre la France face à ses responsabilités ». Fortement « indignées », elles se sont posé certaines questions auxquelles, selon elles, même la Commission européenne n’est pas en mesure de répondre. « Que se passe-t-il à bord des navires bétailler qui sillonnent la Méditerranée ? Dans quel état les animaux arrivent-ils à destination ? Combien meurent à bord ? » s’est interrogé en effet ce collectif qui accuse ouvertement « l'Hexagone d’enfreindre le règlement européen entourant le transport d'animaux vivants ».

« Selon ce règlement, rappellent les associations en question, il est interdit de transporter des animaux dans des conditions qui mettraient en péril leur santé ou leur bien-être ». Et d’ajouter : « or, il est certain que les conditions de transport par bateau sont tout bonnement indicibles, comme de nombreuses enquêtes l'ont déjà démontré ».

Les associations s’appuient, entre autres, sur un rapport de la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne, qui avoue son impuissance face à la situation. « Sur le lieu de départ, bon nombre d’autorités compétentes autorisent le transport, d’une part, sur la foi de documents incomplets ou incorrects et, d’autre part, sans tenir compte des conditions météorologiques. [...] Ni les autorités compétentes du lieu de départ ni celles du port de sortie de l’UE ne constatent et signalent ces irrégularités administratives, qui ne sont donc pas corrigées de manière systématique », peut-on lire dans le rapport.

Exportation des animaux par bateau : une pétition signée par 100 000 personnes

« À l’heure actuelle, les pays tiers, les transporteurs et les capitaines des navires ne fournissent aucun retour d’information systématique sur l’état des animaux pendant le trajet en mer et leur état à l’arrivée à destination », ajoute la Commission européenne. Aussi, les associations dénoncent « les bateaux utilisés pour le transport et qui sont en général vieux et peu adaptés ». « La Commission européenne a d'ores et déjà demandé à ses États d'inspecter les navires », annonce-t-on. Mais pour plus d’efficacité dans leur démarche, les associations ont lancé une pétition qui, selon elles, a déjà récolté plus de « 100 000 signatures ».

Rappelons que l’affaire des 780 bovins refusés par l’Algérie a défrayé la chronique pendant de longues semaines. Partis le 3 septembre du port de Sète, ils ont été bloqués durant une vingtaine de jours au port d’Alger, pour des raisons sanitaires. Le ministère français de l’Agriculture avait expliqué que les bovins ont été « interdits de débarquer » en Algérie, en raison d’une « difficulté d’interprétation » sur le statut sanitaire de trois taurillons. « Ces taurillons avaient été vaccinés contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). Or des documents joints à leur certificat export portaient la mention « IBR positif », laissant croire à tort qu’ils étaient porteurs du virus », avait tenté d'expliquer le ministre français. D’autres voix s’étaient élevées pour accuser le foin algérien qui aurait fait que les bêtes tombent malades. Néanmoins, après de longues négociations infructueuses, les taurillons sont retournés en France où ils ont été abattus et, pour une partie, incinérés.

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