Les spécialistes sont unanimes à dire que l’informel constitue l'un des plus grands obstacles à l'émergence d'une économie forte et compétitive. L'argent généré par l'informel échappe à tout contrôle et c'est un véritable casse-tête pour les gouvernants, qui multiplient les déclarations d'intention pour récupérer cet argent, mais sans grand succès.
Boubekeur Sellami, président de l’Association des conseillers fiscaux algériens, estime à quelque 2600 milliards de dinars les pertes en investissements repoussées par le secteur de l’informel. Il propose une mesure « radicale » afin d’en finir.
Il a en effet plaidé, le mardi 18 avril lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale, en faveur du changement des billets de banques, de façon « à obliger les acteurs du secteur informel à passer par la banque pour régulariser leurs capitaux ».
« L’argent de l’informel restera dans l’informel tant qu’on n’utilisera pas cette solution », a insisté l’intervenant faisant remarquer au passage la difficulté de relancer l’économie « sans une réforme profonde touchant à tous les axes de la finance en Algérie ».
Boubekeur Sellami a dans le même contexte rappelé les mesures prises par l’État algérien portant éradication du secteur de l’informel estimé à 90 milliards de dollars, sans que cela ne se traduise par des solutions effectives. Malheureusement, a-t-il déploré, les résultats sont très faibles, puisque les acteurs refusent toujours d’aller vers les banques et vers une traçabilité complète.
Pourrait-il y avoir une amnistie fiscale en Algérie ?
Pour ce qui est de l’amnistie fiscale prônée par certains économistes, le président de l’Association des conseillers fiscaux algériens s’est montré aussi clair que catégorique relevant que cette mesure serait une « injustice envers ceux qui s’acquittent de leur impôt ». « Si une amnistie il y a, elle doit être au cas par cas, mais une amnistie générale est une injustice contraire au principe même de l’impôt », a-t-il expliqué.
Rappelons que depuis des années, les gouvernements n'ont pas trouvé de solution à ce secteur, qui est également créateur d'emploi. En janvier 2023, le chef de l'État Abdelmadjid Tebboune s'est adressé au acteurs de ce secteur en affirmant qu'« il y a encore des fonds thésaurisés. Nous lançons un dernier appel à ceux qui détiennent cet argent pour l’injecter dans l’économie nationale. Nous avons donné des milliers de garanties pour que ces fonds ne polluent pas l’économie et créent l'inflation. Cet argent doit contribuer au développement national ». Cependant, pour l'instant, cet appel n'est pas entendu. Les Algériens n'ont pas retrouvé la confiance dans les banques et cette méfiance coûte beaucoup à l'économie nationale.